Le jeûne: une semaine plus près de Dieu

Cheseaux-sur-Lausanne, 18 mars 2015 (Apic) «Dieu est comme cet arbre, solide et droit, au milieu de nous», assure le pasteur Martin Hoegger au petit groupe réuni autour d’un hêtre. Durant toute une semaine de continence alimentaire, agrémentée d’une marche le long d’un chemin de croix, les jeûneurs œcuméniques du groupe de Cheseaux-sur-Lausanne ont enraciné, au travers de la contemplation, de la prière et du partage, leur relation à l’Esprit saint.

Les six marcheurs, catholiques et protestants réunis, cheminent lentement et en silence dans le soleil printanier, sur le chemin de croix de Saint-Loup, dans le Nord vaudois. La nature semble symboliser l’état d’esprit des marcheurs: encore endormie dans une sereine sobriété, la forêt laisse apparaître, à travers les petites fleurs, les chants d’oiseau et les bourgeons, les premiers signes annonciateurs du retour à la vie et à l’abondance qui marquera le temps de Pâques. La marche est ponctuée de moments de recueillements aux diverses stations du chemin. Le pasteur vaudois brise alors le silence et prend comme symbole un élément du décor (arbre, champ labouré, rivière, roche…) pour inciter l’assistance au recueillement et à la réflexion, sur la base des paroles de l’Evangile affichées sur les panneaux.

Sous le signe de l’arbre

La marche est placée sous le signe de l’arbre. Katrin Fabbri, animatrice du groupe de jeûne, a remis à chacun, avant le départ, une petite fiole d’huile essentielle de divers arbres. Leurs fragrances, que les marcheurs sont invités à déposer sur eux, les aideront à s’imprégner de la nature environnante, à se rappeler qu’ils en font partie et qu’ils doivent la préserver. La démarche rejoint ainsi la thématique écologique de la campagne œcuménique de carême de cette année, dans le cadre de laquelle sont organisés les groupes de jeûne.

A la fin du chemin, les jeûneurs atteignent une croix érigée au sommet d’une petite colline qui surplombe le complexe de Saint-Loup, qui comprend notamment un hôpital, une école de soins et une institution de diaconesses protestantes. Après avoir formé une chaîne de fraternité autour de la croix, le pasteur propose que les jeûneurs se séparent en petits groupes pour partager leur expérience et leur ressenti.

Une beauté bouleversante

«Après cette balade, je ne me sens pas sereine, mais profondément bouleversée», confie Katrin Fabbri. «Je suis complètement bouleversée par la beauté de ce que Dieu veut nous faire vivre», explique-t-elle.

«Ce n’est pas si simple de lutter contre le mal, la tentation», affirme Verena, qui participe pour la première fois à la démarche de jeûne «Le groupe m’aide à lutter. Sans son soutien, je ne sais pas si j’aurais réussi à tenir le jeûne. L’amour que je ressens au sein du groupe me rend plus forte et me rapproche de l’amour de Dieu».

La marche a été l’un des points d’orgue de la semaine de jeûne entamée le 7 mars. Les participants se sont réunis tous les soirs pour échanger sur leur cheminement spirituel.

Avec Jésus dans le désert

Le vendredi 13 mars, le groupe s’est rassemblé pour une cérémonie de la cène marquant la fin de la démarche. Les jeûneurs ont dans un premier temps témoigné de la façon dont ils ont vécu la semaine. Au-delà des aspects plus terrestres touchant à l’adaptation des organismes aux restrictions alimentaires, beaucoup de participants ont relevé à quel point l’expérience les avait rapprochés de Dieu et soudé au niveau du groupe. Le pasteur Martin Hoegger s’est montré reconnaissant de ce parcours «réalisé dans l’union avec Dieu». L’expérience a, pour lui, favorisé l’écoute de l’Esprit et le discernement. Il a remercié les participants pour «le don de ce que vous avez apporté» au long de cette semaine. Pour Béatrice , la protestante, «jeûne ou pas jeûne ,Dieu  nous accueille comme on est …»

«Durant ce jeûne, nous avons pu être en contact avec le Christ, sans fioritures, de manière plus directe, assure Katrin Fabbri. C’est comme si nous étions avec lui dans le désert».

Le groupe a finalement, sur le modèle du dernier repas de Jésus, partagé un pain à base de graines de blé et d’avoine germées, broyées et déshydratées à 40 degrés, fabriqué par Katrin Fabbri à la manière des Esséniens, ainsi qu’une pomme. Si la rencontre n’a certainement pas satisfait complètement les estomacs, elle a sans nul doute rassasié les cœurs et les esprits.


Encadré

Le jeûne, un trésor à découvrir et à expérimenter!

Durant le carême, une cinquantaine de groupes dans toute la Suisse romande, rassemblant environ 600 personnes, se sont à nouveau lancé cette année dans l’aventure du jeûne. La démarche, qui a débuté dans les années 2000, est organisée dans le cadre de la campagne œcuménique de carême, menée par les œuvres d’entraide protestante Pain pour le prochain (PPP), catholique romaine Action de Carême (AdC) et catholique chrétienne Etre partenaires. Elle invite à «s’ouvrir à une expérience où le corps se met au repos grâce à l’absence de nourriture, mais où l’âme est travaillée par ce qui surgit d’essentiel dans la vie». Une pratique qui permet également à chacun de vivre une expérience de solidarité en partageant le prix du repas non consommé avec des personnes défavorisées du Sud.

Les jeûneurs et jeûneuses sont accompagnés par des équipes d’animation. Les semaines de jeûne en carême sont vécues dans la dynamique spirituelle du temps de préparation à Pâques. Elles ne constituent pas à priori des «jeûnes thérapeutiques», avertissent les organisations de coordination. «Mais le nettoyage physique et les expériences spirituelles que les personnes ont la joie de vivre sont bénéfiques pour tout l’être», notent-elles.

Conditions de participation

Toute personne adulte et en bonne santé peut participer à la démarche. Les personnes qui prennent des médicaments, ou qui ont un problème de santé doivent prendre contact avec un membre de l’équipe d’animation de leur région ou avec la coordinatrice pour la Suisse romande avant de prendre la décision de participer.

Avec le soutien du groupe, les participants jeûnent ensemble pendant une semaine Cela veut dire qu’ils ne prennent pas de nourriture solide et qu’ils boivent seulement des tisanes, des jus de fruits et de légumes, selon la méthode du Dr Buchinger. Afin de se préparer à cette semaine, ainsi que pour «sortir» du jeûne, il est conseillé de se réserver quelques jours de transition et d’alléger le plus possible son emploi du temps pendant cette période.

Pour en savoir plus

(apic/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/une-semaine-pour-avoir-faim-de-dieu/