Sur le plan des réformes entreprises par le Saint-Père, le cardinal cite avant tout celles concernant les institutions financières du Vatican, mais également le Synode sur la famille. «Il a mis beaucoup de choses en mouvement et je pense que nous avons besoin de ce mouvement. Car si on stagne, on s’endort», a indiqué le cardinal Kasper.
«L’élément déterminant, estime le prélat, est que toutes ces réformes externes, pour importantes qu’elles soient, induisent une réforme des mentalités, un renouvellement intérieur. Sinon elles échouent. C’est principalement à cela que travaille le pape François». «C’est pourquoi, indique Walter Kasper, même l’adresse du pape à la Curie, lorsqu’il a mentionné les quinze maladies qui l’affectent, doit être comprise comme une sorte d’Exercice spirituel, un examen de conscience personnel, que François se sent devoir s’appliquer à lui-même également».
Il y a quelques semaines, le cardinal Kasper a publié en allemand un livre qui remonte aux racines théologiques et spirituelles du pape argentin. Pour lui, François ne correspond pas au schéma traditionnel conservateur ou progressiste. «Je le conçois comme un pape radical dans le sens originel du mot, qui renvoie à l’Evangile, à la racine». En ce sens, il est lié à la tradition des grands mouvements de réforme chrétienne. «Prendre l’Evangile au sérieux et à partir de là, s’engager pour l’avenir de l’Eglise»: c’est cette voie que le pape François indique à l’Eglise.
«Le pape va poursuivre son programme», estime Walter Kasper. Mais ce qu’il a mis en lumière dans l’exhortation La joie de l’Evangile (Evangelii Gaudium) est un programme séculaire, qu’un pape ne peut pas accomplir durant son mandat. Le principe de François n’est pas tant d’occuper des positions que d’introduire des processus qui ne seront plus réversibles. C’est son intention». En outre, en tenant compte des réalités sociales actuelles, le pape fait entendre la voix de la majorité des chrétiens qui sont pauvres, alors qu’en Europe nous vivons dans une société d’abondance. François est donc la voix de ceux qui, jusqu’ici, étaient peu entendus. (apic/rv/bl)
Bernard Bovigny
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