Désormais, toute personne trouvée en possession de viande de boeuf ou essayant de la vendre encourt une peine de cinq ans de prison ainsi qu’une amende de 10’000 roupies (environ 145 euros), rapporte l’agence d’information des Missions étrangères de Paris «Eglises d’Asie».
Cette nouvelle mesure a provoqué une onde de choc dans l’ensemble du pays. Le Maharashtra fournit en effet aujourd’hui plus de 25% du marché de viande bovine en Inde. En outre l’Inde est le 1er pays exportateur, le 5e producteur, et le 7e consommateur de viande bovine dans le monde. Rien qu’à Bombay, quelque 90 tonnes de bœuf sont consommées chaque jour.
Le 2 mars le président de l’Union indienne, Pranab Mukherjee, a promulgué la Maharashtra Animal Preservation Amendment Bill, une loi restée en suspens depuis vingt ans, étendant l’interdiction de la mise à mort et de la consommation de la vache – animal sacré de l’hindouisme – à tous les bovins, bœufs, veaux et taureaux.
Dès le lendemain, le Vishwa Hindu Parishad (VHP), parti extrémiste de la mouvance du BJP, a déposé une pétition devant la Haute Cour de Bombay et obtenu un décret de mise en application immédiate de la loi.
Depuis la publication du décret, des centaines d’interventions «commando» menées dans tout l’Etat par des membres du VHP ont forcé plusieurs abattoirs du Maharashtra à arrêter leur activité. Or la quasi-totalité du marché de la viande bovine est contrôlé par la communauté musulmane car cette activité est considérée comme impure par les hindous. Des milliers de personnes vont ainsi perdre leur emploi et leur revenu. Sans compte les éleveurs qui devront entretenir leur animaux jusqu’à leur mort naturelle.
Cette interdiction va aussi faire renchérir le prix de la viande d’autres animaux, comme celle du buffle dont l’abattage reste autorisé avec une dispense spéciale de l’Etat. L’interdiction pourrait ainsi priver de nourriture un grand nombre de personnes qui n’auront pas les moyens de se payer une autre viande.
Parmi les nombreuses protestations se sont également élevées les voix des chrétiens. « La religion est un sujet personnel et le gouvernement ne doit pas imposer ses diktats dans ce domaine», a déclaré au ‘Times of India’, Gordon D’souza, président du ‘Bombay Catholic Sabha’. Au nom de l’organisation catholique, rattachée à l’archidiocèse de Bombay, il a tenu à souligner combien l’interdiction de la viande bovine allait affecter les plus pauvres de l’Etat, et en particulier les basses castes et les intouchables. (apic/eda/mp)
Maurice Page
Portail catholique suisse
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