Le quotidien libanais francophone écrit que des agents de renseignement du Golfe ont rencontré le chef d’al-Nosra, Abou Mohammad al-Golani, plusieurs fois au cours des derniers mois afin de l’encourager à lâcher el-Qaëda et discuter du soutien qu’ils pourraient fournir. «Une nouvelle entité va bientôt voir le jour, qui comprendra al-Nosra, Jaych al-Mouhajerine wal Ansar, et d’autres petites brigades», déclare Mouzamjer al-Cham, un proche d’al-Nosra et d’autres groupes islamistes en Syrie. De source proche du ministère qatari des Affaires étrangères, on confirme que le Qatar souhaite qu’al-Nosra devienne une force spécifiquement syrienne sans lien avec el-Qaëda, peut-on lire dans les colonnes de «L’Orient-Le Jour».
La violente attaque lancée le 4 mars contre le QG des services de renseignements de l’armée de l’air à Alep, faisant au moins 34 morts, montre que les rebelles syriens, dont des membres d’al-Qaëda, refusent de cesser les hostilités dans ce qui fut avant la guerre la métropole économique de la Syrie.
Ce refus de la trêve proposée par l’envoyé spécial de l’Onu, Staffan de Mistura, représente «un fait grave et démontre une nouvelle fois que le conflit syrien n’aura pas de fin, tant que voudront le faire durer toutes les forces qui sont en train de l’alimenter de l’extérieur», dénonce Mgr Georges Abu Khazen sur les ondes de Radio Vatican. Le vicaire apostolique d’Alep pour les catholiques de rite latin déplore ce refus d’un cessez-le-feu qui puisse apporter une aide à la population de cette ville, martyre depuis des années de conflit. Les groupes armés, y compris ceux qui sont soutenus par l’Occident, ont en effet rejeté l’hypothèse d’une trêve humanitaire.
L’envoyé spécial de l’Onu, Staffan de Mistura, avait déclaré que le gouvernement de Damas s’était dit disponible à une trêve de six semaines. Sur l’autre front, la galaxie des oppositions militaires, qui comprend des groupes djihadistes comme le Front al-Nosra et des rebelles soutenus par des pays occidentaux, a répondu ne pas être disposée à prendre en considération ce plan, s’il ne comporte pas aussi le départ de Bachar El-Assad et des hommes de son régime.
Les groupes d’oppositions reliés à la Commission révolutionnaire d’Alep ont jusqu’à présent refusé de rencontrer Staffan de Mistura, soutenant qu’une trêve prolongée aura pour seul effet de renforcer les positions du gouvernement. «La netteté du refus, a confié Mgr Khazen, confirme le fait qui est bien clair pour nous depuis longtemps: la guerre continuera jusqu’à ce que les puissances étrangères voudront l’alimenter. Les Américains et les Turcs ont déclaré avoir un plan de soutien aux groupes rebelles pour les trois prochaines années. Donc ils ont déjà programmé le fait que la guerre durera trois ans, et que les gens continueront à souffrir et à mourir pour trois autres années. Avant la révolution, les 900 kilomètres de frontière avec la Turquie étaient surveillés, et si par hasard un berger se promenait dans le coin pour récupérer une brebis perdue, ils le visaient et le menaçaient. Aujourd’hui des milliers de miliciens entrent en Syrie avec des armes lourdes, alors que les réfugiés qui viennent de la Syrie pour fuir la violence des djihadistes, eux, sont refoulés».
Devant cette tragédie, a expliqué l’évêque, il reste seulement l’espérance qui naît de la foi. «Comme Saint-Paul, nous espérons contre toute espérance. Parce que nous savons, par expérience, que notre Seigneur est grand et bon. Notre destin est entre ses mains, et non dans les manœuvres intéressées de l’une ou l’autre des puissances du monde, si grande qu’elle soit». (apic/radvat/orj/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
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