«Rien de tel au Togo et au Burkina, deux pays qui présentent une diversité religieuse marquée», souligne Michel Salamolard. Au Togo, on compte environ 50% d’adhérents aux religions traditionnelles (appelés autrefois ‘animistes’), 30% de chrétiens, en majorité catholiques, et 20% de musulmans. Au Burkina, les musulmans sont majoritaires (60%), les adhérents aux religions traditionnelles et les chrétiens se partageant le reste (20% chacun).
«Or, ces groupes, si différents, ne s’opposent pas, mais coexistent pacifiquement dans l’espace public. Eglises, mosquées, fétiches, coutumes des uns et des autres s’expriment librement et se respectent». Et l’abbé Salamolard de se réjouir qu’il n’a ressenti «aucune tension religieuse, ni chez les quatre évêques rencontrés, ni chez d’autres chrétiens, ni dans la population, ni dans la presse».
Le 24 janvier, dans la foulée des attentats de Paris visant la rédaction de l’hebdomadaire satirique «Charlie Hebdo», relève-t-il, les musulmans ont organisé une manifestation à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du Burkina. L’objectif était non violent: il s’agissait de promouvoir le respect de toutes les croyances. Les leaders religieux de l’islam étaient accompagnés de responsables chrétiens et animistes. Un ou deux participants, un peu excités, ont incendié un drapeau français à cette occasion. Or, loin d’être félicités, ils ont été blâmés par leur communauté. «Ceux qui ont violemment manifesté ne font pas honneur à l’islam», titrait ainsi le journal burkinabé Le Quotidien, le 27 janvier.
«Cette paix religieuse, cette laïcité d’intégration, sont d’autant plus remarquables que les deux pays connaissent de vives tensions politiques. Des élections risquées, inquiétantes approchent: en avril pour le Togo, en octobre pour le Burkina. Contrairement à ce qui se passe ailleurs, notamment en Europe, les conflits sociopolitiques ne sont pas transformés ici en oppositions religieuses. En tout cas pour le moment». Et de conclure que ce climat de concorde «a de quoi inspirer nos propres conceptions de la laïcité et de la cohésion sociale». JB
Encadré
Résidant à Sierre, l’abbé Michel Salamolard est prêtre du diocèse de Sion. Il a exercé des ministères variés, en particulier dans la formation pastorale et catéchétique. Il s’est également investi dans l’accompagnement de jeunes en difficulté. Auteur de plusieurs ouvrages aux Editions Saint-Augustin, à Saint-Maurice, il cherche travers ses publications à articuler les grandes questions humaines et sociales avec la théologie chrétienne. (apic/ms/be)
Jacques Berset
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