Les évêques belges craignent que l’accompagnement des personnes les plus fragiles de la société ne soit mis à rude épreuve en raison du «climat d’euthanasie» dans lequel baigne le pays depuis une décennie et face au risque d’appliquer légalement l’euthanasie aux personnes démentes. «Parce que les personnes concernées sont justement celles qui peuvent le moins faire entendre leur voix, nous jugeons, en tant qu’évêques, que c’est un impérieux devoir pour nous de faire entendre la nôtre en leur faveur».
Les prélats rappellent tout d’abord qu’un être humain, même atteint de démence, demeure une personne à part entière jusqu’à sa mort naturelle. «La dignité humaine ne peut dépendre de ce qu’on possède ou non certaines capacités. Elle est liée de manière inaliénable au simple fait d’appartenir à l’espèce humaine».
Les évêques du plat pays se demandent si la notion d’autonomie n’est pas privilégiée à outrance, dans la société actuelle. «Une telle conception de l’autonomie en vient à considérer chacun comme un îlot sans lien avec autrui». Les prélats relèvent qu’une autonomie en «relation» ou en «communion» rend «beaucoup mieux compte de notre vraie identité et du fonctionnement effectif de notre liberté».
En ce qui concerne les personnes démentes, le risque est grand que des tiers projettent sur le patient leurs préoccupations et angoisses personnelles, soulignent les évêques. Ils constatent que, depuis la loi de 2002 sur l’euthanasie, la dérive prédite à l’époque est devenue réalité: Les limites de la loi sont systématiquement contournées, voire transgressées. L’éventail des groupes de patients entrant en ligne de compte pour l’euthanasie ne cesse de s’élargir.
Les prélats relèvent ainsi que demande est faite d’un nouvel élargissement de la loi afin de pouvoir procéder à l’euthanasie de personnes démentes, sur base d’une déclaration de volonté anticipée.
«Le danger n’est pas illusoire que l’on veuille réserver le concept de personne humaine, et les droits qui y sont afférents, à ceux qui sont capables de reconnaître pour et par eux-mêmes la valeur de leur propre vie», notent les prélats belges. Ils assurent que beaucoup de personnes fragiles interpréteront un éventuel élargissement de la loi sur l’euthanasie dans ce domaine comme une invitation à «en finir», afin de ne pas devenir un fardeau pour autrui.
«Mais, selon notre conception, jamais, dans une société authentiquement humaine, l’autre ne peut devenir une charge inutile», lancent les évêques. (apic/com/rz)
Raphaël Zbinden
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