'Business de la conversion' au Bangladesh ?

Dacca, 25 février 2015 (Apic) Un ‘business’ de la conversion de la part de certaines Eglises protestantes semble exister au Bangladesh. C’est du moins ce que révèle l’affaire de deux pasteurs en passe d’être jugés pour ‘conversions abusives’ de villageois musulmans du district de Lalmonirhat, au nord-ouest du pays, rapporte le 25 février 2015 l’agence d’information des Mission étrangères de Paris «Eglises d’Asie».

L’affaire, qui a débuté il y a quatre mois, met face à face deux versions contradictoires. La première, relayée par l’agence catholique Ucanews le 5 février dernier, rapporte que deux pasteurs protestants, Ariful et Mousumi Mondol de la Church of God, ont été arrêtés le 9 novembre 2014 dans le village de Banbhasa alors qu’ils s’apprêtaient à célébrer une cérémonie de conversion collective. «Ils tentaient de convertir un groupe de 40 musulmans et cela a mis les autres villageois en colère», a expliqué Mahfuzur Rahman, l’un des policiers en charge de l’enquête.

Ce dernier affirme que le sentiment anti-chrétien ne fait que croître dans la région depuis cette affaire, semant la peur chez les nouveaux convertis, y compris ceux qui maintiennent s’être «convertis pour l’Evangile et absolument pas contre de l’argent». Des parents musulmans commencent à retirer leurs enfants des écoles chrétiennes, pourtant très bien considérées dans le pays jusqu’alors.

Prosélytisme par séduction

D’autres témoignages cités par l’agence laissent à penser que les accusations de prosélytisme par «séduction», un crime passible de deux ans de prison au regard de l’article 295/A du Code pénal bangladais, sont avérées. Ainsi Rafiq Bhuiyan, raconte qu’il s’est converti au christianisme en 2008 avec toute sa famille, en échange d’une maison et d’un travail au sein de la House Church of Bangladesh. Il déclare avoir converti lui-même 300 personnes. «A Keshobpur, environ 700 musulmans sont devenus chrétiens ces trois dernières années, rapporte-t-il encore. Plusieurs d’entre eux ont été baptisés plusieurs fois. Pour les Eglises, plus il y a de convertis, plus elles reçoivent d’argent des donateurs étrangers.»

Les entretiens avec les habitants de la région semblent confirmer l’existence d’un «business de la conversion», rapporte encore Ucanews. L’agence cite d’autres habitués de ces «conversions intéressées». Certains baptisés quatre fois, d’autres six pour des sommes allant de 5 à 12 euros.

Une campagne des islamistes

Une version des faits totalement réfutée par les Eglises protestantes qui dénoncent une nouvelle campagne de calomnie antichrétienne menée par les islamistes. Cela fait des années que des rumeurs lancées par des extrémistes conduisent à des arrestations arbitraires pour «conversions illicites«, rappelle le Rév. James Saberio Karmoker, secrétaire général de la ‘National Christian Fellowship of Bangladesh’.

Selon le Morning Star News, qui rendait compte de l’affaire le 24 novembre dernier, ce serait le Jamaat-e-Islami, parti islamique, qui aurait rassemblé une foule de près de 200 personnes et lancé celle-ci sur le rassemblement du 9 novembre, les incitant à frapper les pasteurs et les participants, avant que la police ne vienne interrompre l’affrontement.

Les chrétiens tenaient ce jour-là un rassemblement de prière au cours duquel devait avoir lieu un baptême, et non une conversion collective, rapportent plusieurs sources protestantes, dont Portes Ouvertes. Des faits également confirmés par l’agence catholique AsiaNews, qui rapporte que les deux pasteurs sont des musulmans convertis au christianisme, ce qui aurait attisé la colère des islamistes et en particulier des imams locaux. «Ici, la plupart des membres de l’administration et de la police sont musulmans et les chrétiens n’ont aucun poids face à eux», commente un leader chrétien. (apic/eda/mp)

Maurice Page

Portail catholique suisse

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