Quatre pasteurs protestants – Kaithong, Puphet, Muk et Hasadee –, ainsi qu’un fidèle du nom de Tiang sont accusés d’avoir tué la femme en voulant la soigner. Ils écopent de neuf mois de prison ferme. Plusieurs ONG et mouvements de défense des droits de l’homme se mobilisent pour dénoncer une «atteinte aux droits les plus élémentaires».
Le verdict a été prononcé le 12 février 2015 par le tribunal de la province de Savannakhet. Les juges Se sont basés sur l’article 82 du Code pénal laotien sur les «prestations médicales sans diplôme».
Le 6 août dernier pourtant, le bureau du procureur de la province de Savannakhet avait acquitté les cinq chrétiens emprisonnés, déclarant qu’ils n’avaient «commis aucun acte criminel». Ces derniers n’avaient pu cependant être libérés, dans l’attente de la décision des autorités du district d’Atsaphangthong.
«La décision du tribunal confond la prière pour les malades et l’exercice illégal de la médecine», a ironisé l’ONG Human Rights Watch for Lao Religious Freedom (HRWLRF), basée aux Etats-Unis, qui suit le dossier de ces cinq chrétiens depuis le début de l’affaire. «Prier pour une guérison est un droit découlant de la liberté religieuse et de la croyance de chacun. Cela ne constitue en aucune façon une pratique médicale et il n’est nul besoin d’un diplôme quelconque. Cette décision du tribunal n’a aucun fondement juridique «, a déclaré l’ONG qui a rappelé que la mourante avait expressément demandé aux cinq chrétiens de venir à son domicile pour y prier, ce qu’ils avaient fait, sans faire usage d’aucun médicament.
Les leaders protestants, dont le procès dure déjà depuis huit mois, ont été accusés d’être à l’origine de la mort de Mme Chan (Chansee), décédée le 22 juin des suites d’une longue maladie à son retour de l’hôpital. Mère de huit enfants et bouddhiste, elle s’était convertie au christianisme en avril dernier, tout comme ses huit enfants. Une situation qui contrariait particulièrement les bouddhistes du village qui exerçaient des pressions constantes pour que les nouveaux convertis reviennent «à la religion de leurs ancêtres», relève Eglises d’Asie.
«La liberté religieuse est particulièrement mise à mal au Laos où de nombreuses formes de harcèlement et de répression sont infligées par les autorités aux communautés religieuses qui ne bénéficient pas d’une reconnaissance officielle, explique à Ucanews Phil Robertson, directeur adjoint de la section Asie pour HRW. Par conséquent, les autorités locales peuvent décider de s’en prendre à n’importe quel groupe religieux minoritaire, en toute impunité.» (apic/eda/msb/bb)
Bernard Bovigny
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