Les 31 Commissions Justice et Paix d’Europe ont rédigé une note dans laquelle elles lancent un vibrant appel contre les nationalismes et les exclusions politiques et sociales. Elles demandent en particulier «aux dirigeants politiques de tous niveaux et aux acteurs de la société civile de réagir fermement contre la croissance du racisme et de la xénophobie sur le continent».
Ce message constitue l’aboutissement des réflexions entreprises lors de l’assemblée générale des commissions Justice et Paix d’Europe, en septembre 2014 à Athènes, a indiqué à Cath-info Wolfgang Bürgstein, secrétaire général de Justice et Paix Suisse. Les débats avaient justement porté sur les nationalismes et la radicalisation en politique.
Le message de la Conférence européenne est maintenant destiné à être relayé par les commissions nationales dans chaque pays, notamment auprès des autorités politiques, souligne Wolfgang Bürgstein.
Dans son appel, la Conférence des Commissions Justice et Paix d’Europe reconnaît comme «légitime» la revendication de l’autonomie nationale de certains partis politiques, à condition qu’elle soit «poursuivie de manière démocratique et non violente, dans le plein respect des autres».
«Les cultures et les minorités présentes dans chaque Etat, poursuit le document, ont le droit d’être respectées» même si nous sommes «fiers de notre communauté locale, de notre langue ou de notre culture nationale». D’où la mise en garde des Eglises européennes contre ceux qui «cherchent le pouvoir ou la popularité grâce à des programmes politiques simplistes et des slogans qui lancent une idée de prospérité et de sécurité liée à des mesures nationalistes unilatérales, au détriment des autres peuples». Les partis et les formations politiques qui usent de tels moyens que «certains médias amplifient», expliquent les Commissions, mettent en acte «un paradigme d’exclusion qui aggrave la situation».
Ce «nationalisme de l’exclusion, comme le définit la note, est contraire à la dignité humaine, représente la négation de la justice et menace la cohésion sociale au niveau national et européen». Ainsi, les Commissions Justice et Paix exhortent à s’opposer au nationalisme, en vertu du «respect de la dignité humaine qui dérive de la croyance en Dieu et en la création de l’homme à son image et à sa ressemblance».
Le document s’attarde ensuite sur la migration, en la définissant comme «le fondement de l’existence humaine»: «ignorer cette réalité et tenter de fermer hermétiquement les frontières aux flux de migrants, poursuit la note, est irréaliste et inhumain».
Au contraire, les solutions qu’il faut évaluer sur le plan national et international sont tout autres: «partager, dans le contexte européen, la responsabilité de l’accueil des réfugiés en difficulté; contribuer à la définition, dans le cadre du droit international à une solution pacifique des conflits; relancer l’aide au développement pour donner aux personnes la possibilité de choisir entre rester ou non dans leurs pays d’origine; intégrer les étrangers dans les communautés».
Donc, tout en répétant que «l’Union européenne s’est rendue responsable de la crise économique actuelle, des inégalités sociales et du chômage», la note souligne cependant «qu’il reste un instrument pour le maintien de la paix et la résolution des conflits sur le continent».
En effet, «la guerre entre nations est la pire des choses et la violence raciste et xénophobe, par les paroles et par les actes, est inacceptable, aussi bien du point de vue moral que légal. Pour ce motif, elle doit être publiquement condamnée et sanctionnée».
Les Commissions Justice et Paix font enfin certaines recommandations aux responsables politiques et à la société en Europe: mettre en œuvre une politique économique et sociale qui valorise le secteur du travail; concevoir des politiques européennes de migration qui soient cohérentes, avec une responsabilité partagée et capable de contraster toutes formes de migration forcée; s’engager en faveur de l’intégration; promouvoir la cohésion sociale; contester toutes les expressions de rhétorique nationaliste, aussi bien dans la vie publique que privée; renforcer la démocratie, la solidarité et le respect de la dignité humaine à travers l’éducation et l’exemple; valoriser la dignité de l’Homme comme «élément essentiel du patrimoine commun européen». (apic/rv/bb)
Bernard Bovigny
Portail catholique suisse
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