Manger de la viande n’est pas incompatible avec un mode de vie durable et respectueux de l’environnement, précisent les organisations Action de Carême (catholique romaine), Pain pour le Prochain (protestante) et Etre Partenaire (catholique chrétienne) dans leur matériel de présentation. Mais afin de satisfaire à la consommation des pays occidentaux, de nombreuses régions sont sacrifiées sur l’autel du profit sans scrupules. Ainsi, les poulets et autres animaux d’élevage présents dans les rayons des magasins en Suisse sont souvent engraissés avec du soja produit au Brésil et dans d’autres pays du Sud sous la forme de monocultures. Des cultures pour lesquelles on déboise la forêt tropicale et la savane, privant ainsi les petits paysans de leurs champs et de leurs moyens de subsistance. «Des régions entières du Brésil avec une remarquable biodiversité ont été sacrifiées en vue d’une production industrielle de soja pour alimenter le bétail», relève Matthias Dörnenburg, responsable du marketing à l’Action de Carême (AdC).
Ces transformations ne sont pas sans effets sur le climat. La destruction de pans entiers de forêts tropicales, l’emploi d’engrais chimiques et l’élevage intensif contribuent au réchauffement climatique. Si l’on inclut l’ensemble de ses coûts indirects, la production industrielle de nourriture est responsable de près de 40% de toutes les émissions de gaz à effet de serre, selon l’Action de Carême.
Actuellement, la production de viande occupe près de 70% des surfaces agricoles du monde. Ce chiffre inclut cependant les pâturages et autres surfaces herbeuses, consacrés à la nourriture des animaux, également en vue de la production laitière ou de laine, précise à l’Apic Johanna Monney, responsable des relations publiques au secrétariat romande d’AdC.
Le calendrier de Carême 2015 propose des réflexions et des pistes d’actions en vue d’une consommation plus responsable. Ainsi, les poulets bios élevés en liberté en Suisse contribuent peu au réchauffement climatique. Quant aux projets au Sud soutenus par les organisations partenaires de Carême, ils témoignent de la réussite des pratiques agricoles naturelles et écologiques.
Les thèmes de la campagne de Carême 2015 ont pour point de départ les nombreuses réflexions poursuivies actuellement au niveau planétaire sur les changements climatiques, indique Johanna Monney. La Conférence des Nations Unies sur le climat s’ouvrira en décembre 2015 à Paris. Les pays devront adopter des objectifs contraignants visant à réduire les gaz à effet de serre.
En Suisse, une pétition a été lancée par l’organisation faîtière «Alliance climatique» en vue d’exiger du Conseil fédéral et du Parlement de se positionner et d’assumer leurs responsabilités en faveur de la justice climatique. La Suisse doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre et soutenir financièrement les pays en développement dans cet effort, estiment les auteurs.
Encadré:
Les changements climatiques sont provoqués par la production et la consommation effrénée, souligne Julia Jawtusch, responsable du dossier «climat et agriculture», pour la campagne de Carême. En effet, les économies des pays industrialisés du Nord ne cessent de croître. Le Sud sert de producteur et de fournisseur de matières premières. Les limites de la croissance de notre planète ont été dépassées depuis longtemps. Et nous mangeons ce qui nous chante toute l’année – même des produits importés de loin. L’Université de Bâle estime que si la terre entière vivait et mangeait comme la population de la Suisse, elle consommerait les moyens d’existence équivalents à 2,8 planètes. Près de 43% de cette «empreinte écologique» est due à la viande et aux produits d’origine animale.
Les terres sont utilisées par des investisseurs et des multinationales pour y cultiver notamment du soja en monoculture. L’augmentation de la consommation de viande aggrave les changements climatiques, qui entraînent des événements météorologiques toujours plus extrêmes. Les sécheresses, mais aussi les tempêtes, les inondations et l’augmentation du niveau de la mer en sont les conséquences. Les forêts tropicales sont déboisées pour laisser la place à de nouveaux champs et des pâturages. Le CO2, que les forêts stockent, est libéré et porte préjudice au climat lorsque ces dernières sont déboisées. La production de fourrage à large échelle au moyen de machines lourdes et de quantités importantes d’engrais et de pesticides contribue également à la pollution de l’environnement.
Encadré:
Fonte de glaciers, glissements de terrain, multiplication des événements météorologiques extrêmes: les effets des changements climatiques sont perceptibles même ici, en Suisse, indique AdC dans sa documentation. Mais les conséquences du réchauffement climatique sont encore plus brutales dans les pays en développement: les cyclones, les inondations et les sécheresses qui s’y produisent menacent la vie de millions de personnes.
Les premières victimes des changements climatiques sont les populations des pays qui produisent des gaz à effet de serre en quantités négligeables, aujourd’hui comme par le passé. Pourtant, le monde politique se montre frileux – y compris en Suisse. En décembre 2015, le Sommet sur le climat à Paris offrira la possibilité de prendre enfin des engagements internationaux dignes de ce nom, afin de ralentir le réchauffement de la planète et de débloquer les fonds nécessaires pour protéger le climat. Avec l’Alliance climatique, des œuvres d’entraide ont lancé une pétition au Conseil fédéral pour une politique climatique responsable.
Encadré:
Pétition pour un engagement de la Suisse
Des signatures pour la pétition sont récoltées dans le cadre de la campagne de Carême 2015 afin d’encourager le Conseil fédéral et le Parlement à donner un coup d’accélérateur. Plus précisément, Pain pour le prochain et Action de Carême attendent de la Suisse qu’elle s’engage clairement sur le plan politique en faveur d’une meilleure justice climatique: cinquante organisations exigent, dans le cadre de cette pétition, que la Suisse apporte sa contribution au financement de mesures de protection du climat – mais pas aux dépens de la lutte contre la pauvreté et de la coopération au développement. Les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites de manière beaucoup plus énergique que jusqu’à présent.
Informations sur www.voir-et-agir.ch/petitionclimat
Encadré:
La campagne de Carême lance un concours et invite à réaliser un «menu climatique», exclusivement avec des produits de saison, régionaux et issus de l’agriculture biologique ou du commerce équitable.
Un «menu climatique» doit être le plus neutre possible du point de vue du climat. En utilisant des produits régionaux, de saison, et issus de l’agriculture biologique, l’alimentation ne nuira pas au climat.
Marche à suivre pour participer à cette action:
En s’inscrivant à cette action, chacun participe automatiquement à un concours. Informations sur www.voir-et-agir.ch/
(apic/doc/bb)
Bernard Bovigny
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/campagne-de-careme-2015-moins-pour-nous-assez-pour-tous/