Martyrs pour l’Eglise, laquais de l’impérialisme pour les révolutionnaires maoïstes, les deux franciscains conventuels polonais, Michal Tomaszek et Zbigniew Strzalkowski, et le prêtre italien Alessandro Dordi furent tués en août 1991 dans les Andes péruviennes. La Conférence épiscopale péruvienne s’était activée dès le début pour que leur martyre soit reconnu. Le procès diocésain s’était achevé en 2003 déjà. Mais Rome a pris le temps d’examiner le volumineux dossier en raison de la complexité de cette page de l’histoire péruvienne.
Avant l’apparition du Sentier Lumineux, des prêtres, des agents pastoraux, des catéchistes et des religieuses avaient eu maille à partir avec des escadrons de la mort d’extrême-droite. La montée en puissance des marxistes-léninistes du Sentier Lumineux fut donc perçue avec un certain soulagement dans les rang du clergé péruvien. Dans un premier temps, le Sentier Lumineux préféra ne pas bousculer l’ordre établi dans les zones dont il avait pris le contrôle. L’Eglise catholique fut donc ménagée. Mais lorsque l’Eglise commença à parler de justice, de vérité et de pardon et à distribuer aux pauvres l’aide envoyée par le réseau Caritas, le Sentier Lumineux commença à se méfier du clergé catholique qui contrariait son emprise sur le peuple et changea de tactique.
En août 1991, les guérilleros menacèrent de tuer un missionnaire par semaine, les accusant d’«endormir la conscience révolutionnaire du peuple par leurs bonnes actions et leurs gestes de solidarité». C’est dans ce contexte que les deux franciscains polonais, âgés de 32 et 34 ans furent exécutés le 9 août et le missionnaire italien le 25. Les guérilleros du Sentier lumineux ont massacré des milliers de personnes dans les années 1980 et 1990. (apic/rv/mp)
Maurice Page
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