Lausanne: Le jeûne au centre de la célébration de la Parole à la cathédrale

Lausanne, 29 janvier 2015 (Apic) Le sens du jeûne sera, le dimanche 1er février prochain, au centre de la prochaine célébration mensuelle de la Parole, qui se tient chaque mois à la cathédrale de Lausanne à l’initiative de la Communauté des Eglises chrétiennes dans le canton de Vaud (CECCV).

Le dimanche 1er février, sous le leitmotiv «Moins pour nous, assez pour tous – Jeûner pour le partage!», la célébration sera animée par des personnes engagées dans le jeûne. La démarche se fait en lien avec les semaines de jeûne en carême organisée par les œuvres d’entraide Action de carême (AdC) et Pain pour le prochain (PPP). Elle fait également référence aux engagements en matière de protection du climat dont la réunion des Nations Unies à Paris marquera le point culminant en décembre.

Abandonner pour un moment smartphones et autres tablettes

Béatrice Vaucher, coordinatrice des groupes de jeûneurs et membre du comité de la CECCV explique le sens humain et chrétien du jeûne. Le jeûne est bien abstention plus ou moins totale de nourriture, mais il peut également se décliner aujourd’hui dans le renoncement temporaire de certaines attaches: tabac, alcool, usage immodéré d’outils de communication, smartphones, tablettes et ordinateurs. «Une abstention parfois tout autant difficile que celle de la nourriture!», souligne la responsable du Service de formation d’adultes de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud.

L’abstention est précédée par une prise de conscience. «Le jeûne est d’abord une prise de conscience du trop-plein ! Nos journées, nos maisons, nos existences sont bien souvent remplies jusqu’à l’encombrement qui ne laisse plus de place à l’autre. Tout comme la parole a besoin de silence pour être entendue, notre vie professionnelle de repos pour être menée à bien, notre vie familiale de vacances pour se renouveler, la vie dans l’Esprit a besoin d’entraîner notre corps à se libérer pour porter du fruit», écrit Béatrice Vaucher.

Retrouver un juste rapport à Dieu, aux autres et à soi

«Associés à la prière et au partage, le jeûne est traditionnellement un moyen privilégié pour retrouver un juste rapport à Dieu, aux autres et à soi. Le jeûne est donc ouverture. Le jeûne permet de se libérer de ce qui entrave notre marche et encombre nos vies. Il convient donc bien à la préparation d’une décision et d’une mission. Moïse jeûne avant de recevoir la Torah (Ex 34,28) et le peuple hébreu implore de cette façon le pardon divin (Lv 16,29). Jésus, sans être un ascète comme Jean le Baptiste, jeûne quarante jours au désert avant de commencer son ministère public (Mt 4,2)».

Jésus invite ses disciples à faire de même. Les premiers chrétiens s’abstiendront ainsi de nourriture le mercredi et vendredi en mémoire de la trahison de Judas et de la Passion du Christ. La tradition monastique en fera une arme privilégiée dans le combat spirituel contre les vices et passions et un rappel que «l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu» (Mt 4,4).

Une réelle expérience libératrice

Pour Béatrice Vaucher, «désencombré, plus à l’écoute de Dieu et de l’autre, le jeûneur vit une réelle expérience libératrice de ce qui peut habituellement le posséder. Un des fruits du jeûne communautaire est de nourrir la fraternité et de trouver la voie d’un nouveau rapport à la création. «Chemin d’une sobriété heureuse qui peut transformer non seulement nos relations mais aussi toute l’économie du monde. Le jeûne manifeste une autre faim qui habite l’humanité, celle de l’amour et de la reconnaissance et où il annonce la plénitude des temps à venir, symbolisée par le banquet céleste dont nos fêtes ici-bas ne sont que de pâles préfigurations».

S’il nourrit le corps qui, grâce au vide créé par quelques heures ou quelques jours d’abstention, se régénère et retrouve son tonus et son énergie, «le jeûne nourrit aussi l’âme, parce qu’elle peut se concentrer sur l’essentiel, soi, les autres et Dieu…»

Le jeûne nourrit également la solidarité

Le jeûne nourrit également la solidarité. Le slogan lié à cette célébration est une reprise de la campagne de carême: «Moins pour nous, assez pour tous». Conformément aux principes bibliques et éthiques de la tradition chrétienne, une invitation est adressée aux chrétiens de se délester du superflu, de la surabondance qui privent d’autres de l’indispensable. Cette année, l’accent de la campagne de carême est mis sur la consommation effrénée, qui nuit au climat et à la qualité de l’alimentation dans le monde, ainsi qu’à la possibilité pour les populations du Sud de s’alimenter en suffisance. «Le jeûne permet, grâce à la récolte de ce qui n’a pas été investi pour la nourriture à participer à des projets de solidarité d’ici et d’ailleurs».

 

Encadré


Campagne de carême: le jeûne solidaire

Durant la campagne œcuménique de carême, du mercredi 18 février au dimanche 5 avril 2015, une cinquantaine de groupes dans toute la Suisse romande, rassemblant environ 600 personnes, vont à nouveau se lancer dans l’aventure du jeûne. Ils vont s’ouvrir à une expérience où le corps se met au repos grâce à l’absence de nourriture, mais où l’âme est travaillée par ce qui surgit d’essentiel dans la vie. Une pratique qui permet également à chacun de vivre une expérience de solidarité en partageant le prix du repas non consommé avec des personnes défavorisées au Sud. (apic/ceccv/com/be)

Jacques Berset

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