Philippines: L'épiscopat appelle à poursuivre le processus de paix après les tueries de Mindanao

Manille, 28 janvier 2015 (Apic) Mgr Socrates Villegas, président de la Conférence des évêques catholiques des Philippines, a déclaré que la violence qui vient, une nouvelle fois, d’endeuiller le Sud philippin devait «être condamnée avec force». Dans un appel lancé le 27 janvier 2015, il a ajouté que l’Eglise continuait à pleinement soutenir le processus de paix en cours avec la rébellion musulmane.

«Nous ne pouvons pas nous associer aux appels de ceux qui demandent la remise en cause des négociations de paix. Si ce triste incident doit nous dire quelque chose, c’est bien la nécessité et l’urgence de parvenir à une solution réfléchie, respectueuse des principes et juste pour tous», a souligné l’archevêque de Lingayen-Dagupan.

Le message du président de l’épiscopat philippin intervient après qu’une opération de police anti-terroriste a mal tourné, le 25 janvier à Mindanao, provoquant la mort d’au moins une cinquantaine de personnes. L’incident s’est produit à Mamasapano, localité isolée de la province de Maguindanao et contrôlée par les hommes du MILF (Front moro de libération islamique).

Des heurts durant onze heures

Selon les informations fournies par les agences de presse, les heurts, qui ont duré onze heures, sont survenus lorsque les policiers – une force de près de 400 hommes issus des unités d’élite de la police nationale – sont entrés dans la ville sans s’être mis d’accord au préalable avec la rébellion, comme le veut l’accord signé en mars 2014 entre le MILF et le gouvernement philippin. D’après le négociateur en chef du MILF, Mohagher Iqbal, les commandos de la police recherchaient Zulkifli bin Hir, alias Marwan, un Malaisien membre de la Jemaah Islamiyah, groupe terroriste en lien avec Al-Qaida. Sa tête a été mise à prix par les Etats-Unis pour cinq millions de dollars. Selon le ministre philippin de l’Intérieur, Zulkifli bin Hir aurait été tué dans cet assaut.

En pénétrant sur le territoire du MILF, les commandos de police auraient été pris en embuscade par les rebelles musulmans. Cherchant à se replier, ils auraient pénétré sur une portion de territoire contrôlé par le BIFF. Le bilan est très lourd : entre 44 et 64 policiers ont été tués, ainsi que cinq hommes du MILF.

Après des décennies de révolte armée qui a fait des dizaines de milliers de morts, la paix négociée entre le gouvernement et le MILF est un des objectifs politiques majeurs du président Aquino. Il a promis de régler la question avant la fin de son mandat, en 2016. (apic/eda/ra/bb)

Bernard Bovigny

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