Pékin souffle le chaud et le froid sur les relations avec Rome

Pékin, 24 janvier 2015 (Apic) Pékin souffle le chaud et le froid sur l’espoir d’une normalisation des relations entre la Chine et le Saint-Siège. Alors que les négociations semblaient sur la bonne voie, l’Administration d’Etat pour les Affaires religieuses a douché les espoirs d’une issue positive en publiant à mi-janvier son plan d’action 2015 dont plusieurs points semblent inacceptables pour Rome, rapporte l’agence d’information des Missions étrangères de Paris «Eglises d’Asie».

Le plan d’action a été publié le 15 janvier dernier sur le site internet de l’Administration d’Etat des Affaires religieuses (ex-Bureau des Affaires religieuses). Selon son directeur Wang Zuoan, il est le résultat d’une rencontre tenue à Pékin les 26 et 27 décembre derniers qui a réuni les responsables religieux au plan national.

Parmi les questions prioritaires figurent le soutien à l’Association patriotique des catholiques chinois et à la Conférence des évêques «officiels» pour mener à bien l’élection et l’ordination «indépendantes» des évêques catholiques. En mettant ainsi en avant le caractère «indépendant du mode de sélection des évêques et de leur ordination, l’Administration chinoise met le doigt sur une des questions les plus litigieuses. Rome tient en effet que, quel que soit le mode retenu pour choisir les futurs évêques chinois, ce soit le pape, qui ait le dernier mot quant aux personnes choisies et à leur ordination, en tant que garant de l’unité de l’Eglise universelle.

Des ordinations épiscopales ‘indépendantes’

Le plan d’action 2015 indique que les ordinations «indépendantes», tenues pour «illicites» par Rome car menées sans le consentement du pape, reprendront cette année. Depuis les dernières ordinations épiscopales en 2012, plusieurs sièges épiscopaux vacants doivent être repourvus. Pour certains d’entre eux, des candidats ont déjà été choisis mais ils n’ont pas recueillis l’assentiment de Rome. C’est le cas notamment du Père Joseph Tang Yuange à Chengdu, élu en mai dernier pour devenir le futur évêque du lieu mais dont l’éventuelle ordination épiscopale n’a pas été approuvée par le pape.

Le plan d’action prévoit en outre la convocation de l’Assemblée nationale des représentants catholiques, «afin de renforcer le leadership et de promouvoir la démocratie dans le fonctionnement de l’Eglise catholique». Cette assemblée, qui se réunit tous les cinq ans, se situer au-dessus des deux instances que sont l’Association patriotique et la Conférence épiscopale. Elle rassemble les évêques, des prêtres et des laïcs, elle constitue en théorie l’instance suprême de direction de l’Eglise en Chine. En 2010, à l’occasion de la précédente session, le Saint-Siège, dénonçant une attitude ‘hostile’ avait demandé au clergé et aux fidèles de ne pas y prendre part.

Une surveillance accrue

Enfin, dans une démarche présentée comme visant à promouvoir la lutte contre la corruption, le plan d’action annonce que l’administration va accroître la surveillance de tous les personnels religieux desservant les lieux de culte, et va demander accès aux comptes bancaires de l’ensemble des instances religieuses. Il est aussi précisé que la collation des diplômes sera supervisée par le Séminaire national à Pékin.

Pour l’heure, aucune réaction n’a été communiquée par le Saint-Siège, mais à l’évidence ce plan d’action est inacceptable pour Rome. (apic/eda/mp)

Maurice Page

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