Niamey, 18 janvier 2015 (Apic) Cinq personnes ont été tuées, dont quatre dans les incendies d’une vingtaine de lieux de cultes chrétiens, le 17 janvier 2015, à Niamey, la capitale du Niger. Le calme est revenu dans la ville dans le milieu de l’après-midi, après les violentes manifestations contre le journal satirique Charlie Hebdo.
Le bilan des violences à Niamey s’élève à cinq morts, a indiqué le président nigérien Mahamadou Issoufou dans un discours à la nation, le 17 janvier au soir, rapporte le 18 janvier Radio France internationale (RFI). Quatre personnes ont péri dans des incendies d’églises, et une autre dans un bar, a précisé le chef de l’Etat.
Les attaques d’églises se sont poursuivies durant une bonne partie de la journée. Beaucoup d’entre elles, notamment l’église Saint-Augustin de Niamey, en périphérie, sont parties en fumée. Au total, une vingtaine de lieux de cultes chrétiens ont été incendiés. Sur la cinquantaine d’églises à Niamey, la plupart ont subi des dommages. Quant à la cathédrale de Niamey, elle a été très tôt sécurisée par les forces de sécurité et les prêtres évacués en lieu sûr, selon des sources proches de l’Eglise.
Le ministère des Affaires étrangères français a condamné dans la soirée le recours à la violence.
Sur certains carrefours de Niamey, des jeunes en colère étaient toujours visibles, pierres et gourdins à la main, prêts à en découdre avec les forces de l’ordre, qui ont perdu déjà deux véhicules, complètement brûlés. Les dégâts les plus importants ont été occasionnés par des groupes de jeunes à moto, transportant des cocktails Molotov, jetés ensuite dans les églises, dans les bars, restaurants et hôtels.
Au même moment, des appels au calme ont été lancés par le Premier ministre en mission dans la ville. Il était accompagné de grands chefs religieux musulmans du Niger. A la télévision publique, une vingtaine d’oulémas a également appelé au calme. « N’oubliez pas que l’islam est contre la violence. J’appelle hommes et femmes, garçons et filles, à se calmer. Les actions de destruction ne sont pas cautionnées en islam», a ainsi exhorté le prédicateur Yaou Sonna.
L’appel semble avoir été entendu, au vu du calme qui est revenu dans toutes les régions du pays. Le président de la République Mahamadou Issoufou s’est adressé à la nation dans la soirée :
«Ce qui s’est passé chez nous, hier à Zinder, et aujourd’hui à Niamey, nous interpelle. Ces églises qui sont brûlées, pouvons-nous accepter qu’elles le soient au nom de notre religion ? De quels torts sont coupables les églises et les chrétiens du Niger ? Ceux qui pillent ces lieux de culte, qui les profanent, qui persécutent et tuent leurs compatriotes chrétiens ou les étrangers qui vivent sur le sol de notre pays, n’ont rien compris à l’islam. Mes chers concitoyens, nous condamnons ces agitations, déplorons les pertes en vie humaine et le nombre élevé de blessés aussi bien du côté des manifestants, des citoyens innocents, que du côté des forces de l’ordre dont je salue le sang-froid, le courage et le professionnalisme.»
Le président a néanmoins assuré partager l’indignation exprimée contre la publication de la caricature du prophète en Une du dernier Charlie Hebdo. (apic/rfi/ag/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/niger-quatre-morts-dans-les-incendies-deglises/