Zinder, 17 janvier 2015 (Apic) La dizaine d’églises que compte la ville de Zinder, au sud du Niger, a été brûlée ou saccagée le 16 janvier 2015 par des manifestants anti-Charlie Hebdo. A Niamey, la capitale, le 17 janvier, trois églises ont été incendiées et la cathédrale est menacée.
Quatre personnes sont mortes à Zinder dans les émeutes qui ont visé les intérêts français et la communauté chrétienne.
Les salles de jeu et débits de boissons alcoolisées n’ont pas échappé non plus aux manifestants en furie, rapporte le 17 janvier Radio France internationale (RFI). Pour la première fois, le drapeau noir de Boko Haram, la secte islamiste nigériane, a été brandi dans la foule. Une centaine de chrétiens, dont onze religieuses, ont trouvé refuge à la garnison militaire et au camp de la garde nationale.
Le Centre culturel français de la deuxième ville du Niger, a été incendié le 16 janvier en marge de la manifestation contre la publication du dernier numéro de Charlie Hebdo, qui représente le prophète Mahomet. Trois manifestants et un gendarme ont été tués, 45 autres personnes ont été blessées.
Le 17 janvier une nouvelle manifestation a dégénéré, à Niamey, la capitale du Niger. Une centaine de policiers antiémeute, munis de casques et de boucliers, protégeaient à 12 h 45 heure locale (11 h 45 GMT) la cathédrale de Niamey, essuyant des jets de pierres de protestataires, a constaté l’AFP, qui a observé qu’au moins trois églises de la capitale ont été incendiées.
C’est au cri de «Allahou Akbar» (Dieu est grand) que les manifestants sont descendus dans les rues de Zinder sitôt après la grande prière de vendredi, rapporte RFI. Des fidèles de plusieurs mosquées ont convergé vers le centre-ville, cassant et ravageant tout sur leur passage. Les manifestants, dont certains portaient des bandeaux sur le front avec des écritures en arabe, ont mis le feu sur plusieurs carrefours de Zinder.
Les manifestants ont aussi brûlé un drapeau français et mis le feu à la plus grande bibliothèque de Zinder, celle du Centre culturel franco-nigérien. Un peu plus loin, dans la zone du stade, le siège du principal parti au pouvoir, le PNDS, est également parti en fumée.
Devant la violence aveugle des manifestants qui voulaient brûler vives plusieurs personnes réfugiées dans l’enceinte de la mission catholique, l’armée est intervenue pour évacuer les non musulmans. Cette intervention a permis de ramener un calme fragile.
Dans un article paru dans l’Apic en mars 2013, Roberto Simona, responsable pour la Suisse romande et italienne de l’œuvre d’entraide catholique «Aide à l’Eglise en détresse» (AED), avait déjà décrit avec inquiétude la montée en puissance de l’islamisme dans la région de Zinder.
Les miasmes du «Printemps arabe», la pénétration des influences salafistes et wahhabites venues de la Péninsule arabique, la guerre contre les mouvements islamistes menée par la France au nord du Mali, notamment contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), et la présence de Boko Haram au Nigeria tout proche, représentent une grave menace pour la stabilité du Niger, soulignait alors Roberto Simona.
Le 14 septembre 2013, dans le cadre de la sortie du film anti-islamique «L’innocence des musulmans», des militants islamistes de Zinder avait déjà saccagé une église catholique et un temple protestant. (apic/rfi/ag/arch/rz)
Raphaël Zbinden
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