Nairobi, 17 janvier 2015 (Apic) Les organisations de défense des droits humains et des Eglises d’Afrique s’inquiètent d’une nouvelle tendance consistant à pratiquer les mutilations génitales féminines (MGF) dans les hôpitaux.
Des médecins, infirmières et autres professionnels de la santé effectuent secrètement cette forme de «médicalisation» des MGF à la demande des familles, rapporte l’hebdomadaire canadien Catholic Register.
Le passage de cette pratique vers les hôpitaux est motivé par le désir d’améliorer l’hygiène et éviter les infections, explique Grace Uwizeye, agente du Programme MGF à Equality Now, une organisation mondiale des droits des femmes. «A l’instar des avortements, le personnel médical accepte de pratiquer ces actes uniquement pour l’argent», s’indigne Richard Nyangoto, prêtre catholique de la région du Kisil, au Kenya, un secteur où les MGF sont largement pratiquées. «Le fait de médicaliser cet acte ne le rend pas meilleur, précise le prêtre. Cela reste quelque chose de mal!»
Des facteurs religieux, culturels et sociaux sont à l’origine de la perpétuation de cette pratique. Dans de nombreuses communautés, précise le Catholic Register, l’élimination partielle des organes génitaux externes de la femme fait partie du rite traditionnel du passage de l’enfance à la féminité. «Les communautés défendent cette pratique en expliquant qu’elle est profondément ancrée dans leurs coutumes», explique Judith Nyaata, coordinatrice d’un projet de sensibilisation contre les MGF de l’Eglise luthérienne au Kenya. Elle souligne que ces pratiques sont accompagnées de cérémonies et de festivités importantes pour les communautés, ce qui rend leur abandon difficile.
Mais les exciseuses traditionnelles utilisent souvent des outils non stérilisés. Les conséquences immédiates comprennent des douleurs sévères, des saignements, des Etats de choc, des difficultés à uriner, des infections qui peuvent mener au décès.
En 2014, un père égyptien et un médecin ont été acquittés de la mort d’une jeune fille décédé sur la table d’opération après avoir subi des MGF.
Au Kenya, plusieurs décès ont été attribués aux MGF au cours de l’année dernière, notamment celui d’une fille de moins de 13 ans.
Dans certains cas, l’excision est volontaire, afin de se conformer aux exigences familiales et communautaires. Certaines filles ont peur de ne pas être en mesure de se marier si elles ne sont pas excisées.
Les gouvernements africains ont récemment fait passer de nouvelles lois interdisant ces pratiques. Plus de 20 pays du continent ont intégré des lois de ce type dans leur Constitution.
Plus de 125 millions de filles et de femmes, dans 29 pays d’Afrique et du Moyen-Orient auraient déjà subi une forme de MGF. (apic/cathreg/rz)
Raphaël Zbinden
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