Jérusalem, 15 janvier 2015 (Apic) La poursuite du blocus de Gaza «est un obstacle terrible à la reconstruction et alimente le désespoir qui mine l’aspiration légitime des Israéliens de vivre en sécurité», écrit le 15 janvier 2015 la Coordination des Conférences épiscopales pour le soutien de l’Eglise en Terre Sainte. Quinze évêques catholiques venant d’Europe occidentale – dont les Suisses Felix Gmür, évêque de Bâle, et Pierre Bürcher, évêque de Reykjavik, en Islande – d’Amérique du Nord et d’Afrique du Sud, ont participé, du 10 au 15 janvier, à une visite de «points chauds», à Gaza, en Israël, à Jérusalem et en Cisjordanie occupée.
Dans un communiqué publié à Jérusalem, les évêques signataires (*) écrivent qu’ils sont venus en Terre Sainte «pour prier et pour offrir notre soutien à la communauté chrétienne, pour promouvoir la paix et la dignité humaine dans cette terre divisée». A l’issue de leur visite de solidarité, ils constatent «les conséquences tragiques de l’échec des hommes politiques nationaux et internationaux pour atteindre la paix».
«La dignité humaine, donnée par Dieu, est un absolu. Le conflit en cours porte atteinte à la dignité des Palestiniens et des Israéliens, mais notre engagement pour les pauvres nous pousse à soutenir surtout les personnes souffrantes de Gaza.
Il y a un an, les membres de la Coordination pour la Terre Sainte avaient décrit Gaza comme étant «un désastre causé par l’homme, un scandale bouleversant, une injustice qui exige une solution de la part de la communauté humaine». Après les terribles destructions causées par la guerre de l’été dernier, la présence de cette délégation a rappelé à la petite communauté chrétienne qu’elle n’a pas été oubliée, soulignent les évêques.
Des dizaines de milliers de familles de Gaza ne disposent pas même d’un logement décent. Dans cette période de froid glacial, au moins deux enfants sont morts par hypothermie, dénoncent-ils, et le blocus crée «des niveaux intolérables de chômage et beaucoup de gens glissent vers la pauvreté la plus extrême.» Malgré la dévastation, les scènes terribles de destruction dont ils ont été les témoins et la peur d’une autre guerre que craint la population gazaouie, «l’espérance existe encore et toujours à Gaza… Nous avons vu des familles reconstruire avec obstination leur vie. Nous avons vu une petite communauté chrétienne faire preuve d’une foi immense. Nous avons admiré la ténacité de nombreux volontaires…».
La délégation a pu visiter l’école de la «Sainte famille» où musulmans et chrétiens étudient et jouent ensemble en harmonie, et rencontrer les Sœurs du Saint Rosaire. Fidèles à leur cofondatrice Marie-Alphonsine, qui sera canonisée cette année par le pape François, «elles exercent un ministère prophétique d’éducation».
Les évêques ont également célébré la messe avec les Sœurs du Carmel de Bethléem. «Leur fondatrice Mariam Baouardy, une autre Palestinienne dont la vie témoigne la sainteté qui jaillit encore de cette Terre sera, elle aussi, canonisée».
La délégation affirme que les leaders politiques doivent défendre la dignité humaine de la population de Gaza. «Un étudiant nous a dit, d’une manière poignante, qu’il avait reçu un e-mail pendant la guerre dans lequel on lui demandait s’il avait besoin de nourriture, de vêtements ou d’un logement. Sans amertume, il a répondu qu’il avait besoin de dignité. Les personnes de bonne volonté des deux parties en conflit veulent la même chose: une vie digne de la personne humaine».
La Coordination pour la Terre Sainte annonce que dans les mois à venir, elle continuera à s’opposer à la construction du mur de séparation que les Israéliens veulent implanter sur les terres palestiniennes de la vallée de Cremisan. La construction du mur à cet endroit signifierait la perte des terres et des moyens de subsistance pour beaucoup de familles chrétiennes.
«Cette situation représente tragiquement un symbole de la réalité du problème de la terre. Nous continuerons également à contrecarrer l’expansion du programme d’établissement, illégal selon le droit international, dont nous avons été témoins directs à Hébron. Son impact sur la liberté de mouvement des Palestiniens et sur la confiscation des terres est simplement injuste».
«Après l’échec des négociations et la violence qui s’en est suivie en 2014, nous invitons fortement les autorités publiques à faire preuve de créativité, à adopter de nouvelles approches pour construire des ponts et non pas des murs. Il est nécessaire d’humaniser le conflit en favorisant une plus grande interaction entre Israéliens et Palestiniens. La paix deviendra une réalité seulement lorsque toutes les parties respecteront le fait que la Terre Sainte est sacrée pour trois religions et qu’elle est la demeure de deux peuples».
Les signataires reprennent les paroles du pape François, dans sa dernière déclaration au corps diplomatique, souhaitant que «les négociations entre les deux parties puissent reprendre, dans le but de faire cesser les violences et d’arriver à une solution qui permette, tant au peuple palestinien qu’au peuple israélien, de vivre enfin en paix, dans des frontières clairement établies et reconnues internationalement, de sorte que la ‘solution de deux Etats’ devienne effective».
En conclusion, ils écrivent que le chemin de la paix exige le respect des droits de l’homme pour les Israéliens et les Palestiniens. «Notre prière alimente l’espérance qui fait que la paix soit possible. Nous faisons appel à tous les chrétiens pour qu’ils prient pour les juifs, pour les chrétiens et pour les musulmans de cette Terre que nous appelons Sainte».
Encadré
Les signataires de la déclaration sont: Mgr Stephan Ackermann, évêque de Trèves, Allemagne; Mgr Stephen Brislin, archevêque du Cap, Afrique du Sud; Mgr Raymond Browne, évêque de Kerry, Irlande; Mgr Pierre Bürcher, évêque de Reykjavik, Islande; Mgr Oscar Cantu, évêque de La Cruces, Etats Unis; Mgr Christopher Chessun, évêque de Londres, Eglise d’Angleterre; Mgr Michel Dubost, évêque d’Evry, France; Mgr Ricardo Fontana, évêque d’Arezzo-Cortona-San Sepolcro, Italie; Mgr Lionel Gendron, évêque de Saint Jean, Canada; Mgr Felix Gmür, évêque de Bâle, Suisse; Mgr Patrick Kelly, archevêque émérite de Liverpool, Angleterre et Pays de Galles; Mgr William Kenney, évêque auxiliaire de Birmingham, Angleterre et Pays de Galles; Mgr Declan Lang, évêque de Clifton, Angleterre et Pays de Galles; Mgr Kieran O’Reilly, évêque de Killaloe, Irlande; Mgr Thomas Maria Renz, évêque auxiliaire de Rottenburg-Stuttgart, Allemagne; Mgr Joan Enric Vives, archevêque d’Urgell, Espagne.
Depuis 1998, la Coordination des Conférences épiscopales visant à soutenir l’Eglise de Terre Sainte se réunit, à l’invitation de l’Assemblée des Ordinaires Catholiques de Terre Sainte. Spécifiquement chargée par le Saint-Siège, la Coordination de Terre Sainte se réunit chaque année, au mois de janvier, en Terre Sainte et se concentre sur la prière, le pèlerinage et la persuasion, dans le but d’agir en solidarité avec la communauté chrétienne qui fait l’expérience de pressions politiques et socio-économiques d’envergure. (apic/com/be)
Jacques Berset
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