Berne, 8 janvier 2015 (Apic) Tout en ne justifiant pas l’usage de la violence et en se déclarant «choqué par l’attaque brutale sur le siège du magazine satirique Charlie Hebdo», le Conseil central islamique suisse (CCIS) à Berne dit comprendre «le mécontentement répandu avec les provocations répétées du magazine satirique». 12 personnes ont été tuées par des islamistes présumés, mercredi 7 janvier 2015, au siège du journal à Paris.
Contacté par l’Apic le CCIS, présidé par le Biennois Nicolas Blancho, se retranche derrière son communiqué du 7 janvier. Pas question d’élaborer davantage pour les médias, «du moins pour le moment», répond sèchement Ferah Ulucay, au secrétariat général du CCIS.
Le Conseil central islamique suisse relève que cette attaque «montre d’une manière effrayante la vulnérabilité de nos sociétés libres, malgré toutes sortes de mesures de sécurité. Mais, malgré cela, les mesures de sécurité rigides ne doivent pas remplacer une coexistence sociale dans la tolérance mutuelle, loin de la discrimination et de la provocation ciblée».
Connu pour ses positions fondamentalistes – sa conception de l’islam n’est pas partagée par la grande majorité des musulmans vivant en Suisse, car il ne tient pas compte du contexte culturel, mais «seulement du Coran et de la Sunna», selon Nicolas Blancho – le CCIS affirme se distancier de la violence.
Le 24 septembre dernier, il rejetait dans une vidéo l’appel d’Abou Mohammed Al-Adnani, porte-parole de «L’Etat islamique» (EI) appelant au meurtre des citoyens des pays appartenant à la coalition anti-djihadiste. Il visait les Etats-Unis et l’Europe, en particulier la France. Le message de l’EI donnait des instructions sur la manière de mener à bien des opérations sans équipement militaire, en ayant recours notamment à l’égorgement, à la strangulation ou à l’empoisonnement.
Dans sa vidéo postée sur Youtube, Nicolas Blancho «annule» la fatwa de l’EI et promulgue sa propre fatwa contre toute forme de violences qui viseraient la Suisse, ses citoyens et ses intérêts. (Cf. http://www.izrs.ch) Il relève que la Suisse n’est pas sous la juridiction d’al-Adnani ou de son émir, Abou Bakr al-Baghdadi al-Qurayshi. «Les musulmans vivent dans ce pays en liberté et dans la sécurité. L’exercice du culte musulman est protégé et garanti par la Constitution fédérale».
Le président du CCIS appelait également, dans son message intitulé «La charia interdit la violence contre des personnes innocentes», les musulmans de Suisse, en tant que participants à part entière dans cette société, à prendre activement leurs responsabilités pour la sécurité et la paix. Il mettait particulièrement en garde contre l’utilisation de l’islamophobie ambiante pour fomenter la violence, mais appelait également à combattre sans relâche l’islamophobie par des moyens légaux. (apic/be)
Jacques Berset
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