Colombo, 6 janvier 2015 (Apic) La tension monte au Sri Lanka à la veille des élections présidentielles et de la visite du pape François sur l’île de l’océan indien, rapporte le 6 janvier 2015 l’agence d’information des Missions étrangères de Paris «Eglises d’Asie». Les inquiétudes restent fortes chez les catholiques de voir des violences éclater à l’issue des opérations électorales. Les observateurs internationaux signalent des manœuvres d’intimidation visant à empêcher les tamouls de voter.
Présents au Sri Lanka à l’invitation du chef de la commission électorale du Sri Lanka, Mahinda Deshapriya, les observateurs, venus d’Asie du Sud et des pays du Commonwealth, sont au nombre d’une centaine. Les plaintes reçues font état de quelque 400 points de contrôle routiers mis en place par les militaires dans les provinces du Nord et de l’Est pour décourager les Tamouls d’aller voter. « Selon l’opposition, ces contrôles visent à tenir les électeurs éloignés des bureaux de vote, mais les autorités nous disent que l’armée ne joue aucun rôle dans ces élections ; il nous reste à voir si cela sera bien le cas », a expliqué à la presse Shahabuddin Yaqoob Quraishi, ancien responsable de la commission électorale de l’Union indienne. Le chef des observateurs électoraux a ajouté que la journée du 5 janvier devait être consacrée à des missions sur le terrain afin d’observer les derniers meetings électoraux.
Selon l’AFP, le 3 janvier, lors de l’un de ces meetings électoraux, organisé par le principal candidat de l’opposition, Maithripala Sirisena, des hommes armés auraient ouvert le feu et blessé une personne. La veille, des pierres avaient été lancées contre des partisans du même Sirisena lors d’un autre meeting et une vingtaine d’entre eux avaient été blessés. Des observateurs locaux des opérations pré-électorales disent avoir reçu quelque 1’100 plaintes ; la police, quant à elle, fait état de 130 interpellations liées à la campagne électorale.
A 48 heures du scrutin, l’issue de celui-ci reste incertaine. Alors qu’il y a quelques mois, le président sortant, Mahinda Rajapaksa, tablait sur une réélection sans réelle difficulté, ces dernières semaines ont changé la donne. Lorsqu’en novembre dernier, le président avait convoqué des élections anticipées pour le 8 janvier, il savait que le temps jouait contre lui et qu’il ne pourrait plus compter encore longtemps sur la gloire acquise en 2009 lors de l’écrasement de la rébellion des Tigres tamouls. L’opposition était divisée et le président et sa famille tenaient en main l’essentiel des rouages de l’Etat.
C’était toutefois sans compter sur la défection surprise de Maithripala Sirisena, son ministre de la Santé et secrétaire général de son parti. En quelques semaines, ce dernier a su rallier les opposants à Rajapaksa et, même si le scrutin du 8 janvier voit 19 candidats se disputer la faveur des 15 millions d’inscrits sur les listes électorales, l’issue du scrutin se jouera entre Rajapaksa et lui. Plutôt qu’une adhésion à la personne de Sirisena, c’est bien le rejet de Rajapaksa, de sa propension à l’autocratie et de son penchant pour le népotisme qui semble rassembler la minorité tamoule, la minorité musulmane, l’opposition cinghalaise et jusqu’à une portion du parti présidentiel. Les analystes politiques locaux prédisent un score très serré.
Face à cette incertitude quant à l’issue du scrutin, bon nombre de Sri Lankais s’inquiètent des violences qui ne manqueront pas d’éclater, assurent-ils, dès le 8 janvier au soir ou le lendemain en cas de contestation des opérations électorales et du décompte des bulletins de vote. Les catholiques, qui forment une minorité d’environ 7 % de la population, s’inquiètent eux aussi de ces possibles violences, à très peu de jours de l’arrivée du pape François, prévue le 13 janvier à l’aéroport international de Colombo. Les responsables de l’Eglise, pour leur part, refusent de commenter l’actualité politique à l’avant-veille du scrutin présidentiel. (apic/eda/mp)
Maurice Page
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