Prévenir la pauvreté par une bonne politique du logement
Lucerne, 25 novembre 2014 (Apic) Le lien entre pauvreté et logement est au cœur d’une nouvelle étude de Caritas Suisse sur la politique de lutte contre la pauvreté dans le pays. Si se loger est un besoin vital, seule une minorité des cantons mène une politique du logement active pour prévenir la pauvreté, constate Hugo Fasel, directeur de Caritas Suisse. La volonté politique manque.
Présenté le 25 novembre 2014 à Berne, l’étude de Caritas Suisse, réalisée après une enquête auprès de tous les cantons, révèle les graves lacunes dans la politique du logement. Il arrive encore fréquemment que les bénéficiaires de l’aide sociale soient ballottés d’un logement à l’autre, d’une commune à l’autre, relève Hugo Fasel. Les familles monoparentales, les chômeurs en fin de droits, les familles nombreuses, les travailleurs pauvres deviennent ainsi des exilés dans leur propre pays.
Même si le marché du logement est plus ou moins tendu selon les régions du pays, seul le canton de Bâle-Ville a mis sur pied une stratégie qui fait un lien spécifique ente pauvreté et logement, a noté Marianne Hochuli, responsable du service études de Caritas Suisse. Dix cantons ont reconnu la problématique et ont lancé des réflexions sur le sujet. Dix autres se contentent de mesures ponctuelles comme l’encouragement à la construction de logement ou des aides individuelles. Les cinq derniers ne font rien.
Se loger est un besoin vital, rappelle l’œuvre d’entraide des catholiques suisses. Le logement contribue dans une grande mesure à une vie digne et au bien-être. Il est à la fois refuge et lieu de relations. Un logement trop petit ou insalubre péjore la qualité de vie de tous les membres du ménage. Un logement trop cher oblige à économiser sur les autres postes comme l’alimentation, la santé ou les activités de détente. Pour les plus pauvres, la part du loyer dans les dépenses du ménage atteint parfois 40 à 50%, contre environ 30% pour la moyenne.
Face à ces constats, laisser simplement agir le marché est insuffisant. Il faut d’abord que les cantons aient une vue d’ensemble qui manque aujourd’hui. Il faut ensuite coordonner les divers acteurs, car la pauvreté est un phénomène complexe qu’il faut attaquer sous plusieurs angles, relève Hugo Fasel.
Pour le directeur de Caritas, les politiques d’austérité actuelles, imposées dans nombre de cantons, sont les conséquences directes des baisses d’impôts ruineuses. Comme les gouvernements cantonaux refusent de voir l’impasse de ces politiques de concurrence fiscale agressive, il faut trouver des boucs émissaires. Les bénéficiaires de l’aide sociale forment les coupables idéaux. «On mène un combat contre les pauvres et non un combat contre la pauvreté.»
Or les solutions existent. De nombreux cantons ont par exemple mis en place des programmes de logements pour les personnes âgées ou pour les handicapés. Pour Caritas Suisse, le premier objectif est de prévenir la pauvreté. L’œuvre d’entraide préconise des mesures de base : offrir des salaires garantissant le minimum vital, accorder des prestations complémentaires aux familles, investir dans la formation continue, soutenir la petite enfance et enfin construire des logements sociaux.
«Ces solutions ne sont pas nouvelles. Il manque cependant la volonté de les mettre en œuvre», conclut Hugo Fasel. (apic/mp)
Logement et pauvreté – Une analyse sur l’engagement des cantons / Observations de Caritas sur la politique 2014 de lutte contre la pauvreté (PDF, 411kb)
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