Paris, 31 octobre 2014 (Apic) A l’heure où la militance écologique gagne l’Hexagone, quel rôle entendent jouer les communautés chrétiennes? Le Père Dominique Lang, journaliste au magazine Pèlerin, a souligné sur les ondes de Radio Vatican le 30 octobre 2014, que si la cause n’est pour l’instant pas aussi mobilisatrice que d’autres «décisions politiques ou gouvernementales», la prise de conscience s’intensifie, soutenue par les discours écologiques des derniers papes.
«La situation est particulière en France, souligne Dominique Lang. Les diocèses et les paroisses sont globalement assez peu mobilisés sur ces questions. Les communautés chrétiennes craignent d’être récupérées, prises dans des postures idéologiques qu’elles ne partagent pas.» Une grande prudence est toujours de mise, bien différente des grandes manifestations que suscitent «des questions de société comme la fermeture d’une usine ou des décisions politiques ou gouvernementales».
D’après l’assomptionniste, toutefois, «la prise de conscience écologique est en train d’émerger dans le monde chrétien depuis 30 ans. Le mouvement a été lancé par Paul VI, amplifié par Jean Paul II et validé théologiquement par Benoît XVI dans l’encyclique Caritas in Veritate. Avec l’annonce par le pape François d’une encyclique consacrée à ce sujet, nos communautés ne pourront plus ignorer cette cause. Nous ne pourrons pas sans cesse répéter que nous croyons en un Dieu créateur tout en étant indifférents au sort réservé à la création».
Benoît XVI avait développé une écologie à taille humaine. «Plus nous respectons l’humain, plus nous respectons l’environnement et réciproquement. Or, me semble-t-il, ce ‘réciproquement’ est un peu faible. François le souligne davantage. Il faut que nous prenions la mesure qu’en défendant l’environnement, les conditions matérielles de vie, les ressources naturelles, bref les cadres naturels de la vie des communautés, nous défendons ces communautés elles-mêmes et tout particulièrement les plus pauvres.»
De part son autorité, l’encyclique sur le sujet «mobilisera davantage», selon Dominique Lang. De même que le sommet sur le climat prévu à Paris en décembre 2015 contribuera à «fédérer en réseau» les différentes entités chrétiennes qui portent activement le souci de l’environnement.
L’enjeu, pour l’Eglise, est d’être «capable d’accompagner la prise de conscience écologique tout en dépassant un certain nombre d’aprioris. C’est un sujet très clivant en France – entre autre parce que l’écologie politique est très idéologisée, très marquée à travers des postures qui ne rejoignent pas forcément l’anthropologie chrétienne, ce qui décourage un certain nombre de chrétiens. L’année qui vient va certainement décloisonner la question et permettre un dialogue avec des hommes et des femmes de bonne volonté qui se posent de multiples questions – sur le sens de la vie commune, sur les valeurs à défendre et ce que nous voulons laisser en héritage à nos enfants. Ces questions sont celles de la communauté chrétienne. Nous n’avons aucune raison de rester étrangers les uns aux autres. Au contraire, nous avons tout intérêt à entrer en dialogue, cela nous montrera que l’Esprit Saint est bien à l’œuvre aussi dans ces questions là», conclut-il. (apic/rv/pp)
Pierre Pistoletti
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