Fribourg: La Commission Justice et paix de la CES dit «non» à l’initiative de l’UDC
Fribourg, 27 janvier 2014 (Apic) L’initiative de l’UDC «contre l’immigration de masse», soumise au peuple le 9 février, voit les personnes comme une marchandise et fait comme si la Suisse était une île. Tel est l’avis de la Commission Justice et paix, l’organe de la Conférence des évêques suisses (CES) chargé des questions de l’éthique sociale. Dans un communiqué du 27 janvier 2014, elle rejette un texte qui «va à l’encontre des valeurs chrétiennes».
«Du point de vue chrétien, les préoccupations et objectifs de l’initiative traduisent une vision de l’homme discriminatoire et discutable», écrit la Commission épiscopale dans son communiqué. Selon elle, l’initiative (tout comme de nombreux contre-arguments) envisagent l’homme uniquement du point de vue de son utilité économique pour la Suisse et le réduit à l’état de marchandise. «Elle admet que des travailleurs étrangers ne possèdent presque plus de droits et ouvre ainsi la porte aux abus. Elle déshumanise également les hommes et les femmes quand elle utilise l’image des «masses» qui menacent un monde préservé: la Suisse», poursuit le texte. «Une telle pensée et argumentation est contraire à l’idée chrétienne fondamentale selon laquelle l’économie doit être au service de l’homme et non l’inverse».
Pour la Commission Justice et paix, l’initiative vise l’isolement de la Suisse. «Dans l’optique de la solidarité chrétienne, le succès remporté avec notre modèle nous oblige à nous engager au-delà des frontières nationales», affirme-t-elle. «En l’occurrence notre modèle se caractérise par le dispositif de prise en compte des cantons avec leurs forces et faiblesses, la participation d’un grand nombre d’acteurs aux consultations et la volonté d’être innovant. L’Europe fait face à des défis de taille et a besoin de notre contribution».
«En cas de retour aux contingents, de refus du regroupement familial et de levée de la séparation entre politique du travail et politique d’asile, l’aide et la protection dépendront de la situation économique», écrit la Commission. «Or des exigences relevant des droits de l’homme, comme l’asile ou la vie familiale, ne sont pas négociables en fonction de la santé économique. Promouvoir la famille à l’échelle nationale et empêcher des étrangers de vivre en famille est dégradant. Il est également cynique de fixer des quotas pour l’admission de personnes menacées. Selon la vision chrétienne, tout homme, mais plus encore celui qui est dans la détresse, poursuivi et en fuite, est à l’image de Dieu». Pour ces différentes raisons, la Commission Justice et paix rejette l’initiative. (apic/com/cw)
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