Le christianisme, un aspect central de la vie du Prix Nobel de la paix
Johannesburg, 6 décembre 2013 (Apic) Issu de l’Eglise méthodiste, Nelson Mandela, décédé le 5 décembre au soir, évitait de faire état de sa foi chrétienne en public. A bien l’écouter, cependant, cette dimension a été centrale dans sa vie, relève le quotidien français «La Croix». Sur son site internet, le journal revient sur cet aspect «oublié» de la personnalité du défunt Prix Nobel de la paix.
Les citations de Nelson Mandela reprises par «La Croix» démontrent bien que l’homme, tout en gardant une certaine méfiance et distance envers la religion, était attaché à la foi et aux principes chrétiens. Le texte permet également de constater que ses croyances ont évolué, en prenant en compte d’autres formes de pensée, vers une dimension plus universelle.
Rares, parmi ceux qui chantent les louanges de Nelson Mandela en France, sont ceux qui évoquent son christianisme. Une dimension souvent gommée au profit de son «humanisme». Il est vrai que Nelson Mandela a toujours été discret, en public, sur ses liens avec le christianisme. En 1995, dans le quotidien français «l’Express», il répond à un journaliste qui l’interroge sur le rôle de sa foi chrétienne dans sa lutte contre l’apartheid que «la relation entre un homme et son Dieu est un sujet extrêmement privé, qui ne regarde pas les médias».
Dans son autobiographie, écrite en 2010, il n’évoque la dimension religieuse qu’à deux reprises.
Pour autant, au fil de sa vie, de ses écrits et de ses confidences, Nelson Mandela a, à plusieurs reprises, exprimé sa dette envers son Eglise: «Je ne saurais trop insister sur le rôle que l’Eglise méthodiste a joué dans ma vie», déclarait-il en 1995. Et devant le parlement mondial des religions, en 1999, il affirme que «sans l’Eglise, sans les institutions religieuses, je ne serais pas là aujourd’hui».
En 1977, alors qu’il est emprisonné à Robben Island, il écrit qu’il assiste à tous les services de l’Eglise et apprécie certains sermons. Dans sa correspondance avec Ahmed Kathrada, un autre militant anti-apartheid, il évoque la joie qu’il ressentait à recevoir l’Eucharistie. A Ahmed Kathrada, il affirme également: «Je n’ai jamais abandonné mes croyances chrétiennes».
S’il a exprimé sa fidélité au christianisme, il semble que sa spiritualité se soit toutefois modifiée au cours de son existence. Peu à peu, le christianisme de Mandela prend la forme d’une sagesse universelle. «J’ai bien sûr été baptisé à l’Eglise wesleyenne (une Eglise séparée de l’Eglise méthodiste depuis 1875) et j’ai fréquenté ses écoles missionnaires. Dehors comme ici, je lui reste fidèle, mais mes conceptions ont eu tendance à s’élargir et à être bienveillantes envers l’unité religieuse», constate-il en 1977.
La même année, il fait cet aveu: «J’ai mes propres croyances quant à l’existence ou non d’un Être suprême et il est possible que l’on puisse expliquer facilement pourquoi l’homme, depuis des temps immémoriaux, croit en l’existence d’un dieu.» Puis de dire, en 1994: «Je ne suis pas particulièrement religieux ou spirituel. Disons que je m’intéresse à toutes les tentatives qui sont faites pour découvrir le sens de la vie. La religion relève de cet exercice.»
Tout au long de son existence, il s’est méfié du caractère dévastateur qu’il voyait en puissance dans la religion. «La religion, et notamment la croyance en l’existence d’un Être suprême, a toujours été un sujet de controverse qui déchire les nations, et même les familles. Il vaut toujours mieux considérer la relation entre un individu et son Dieu comme une affaire strictement personnelle, une question de foi et non de logique. Nul n’a le droit de prescrire aux autres ce qu’ils doivent croire ou non», écrit-il en 1988.
C’est sans doute la raison pour laquelle Nelson Mandela évitait d’aborder en public, en particulier face aux médias, son rapport au christianisme. À cela s’ajoute son souci de ne pas heurter la sensibilité et les convictions de celui à qui il s’adressait.
Cette réserve ne l’a pas empêché de souligner le rôle important des religions dans la société. Il déclara en 1997, alors qu’il présidait à la destinée de l’Afrique du Sud: «Nous avons besoin que les institutions religieuses continuent d’être la conscience de la société, le gardien de la morale et des intérêts des faibles et des opprimés. Nous avons besoin que les organisations religieuses participent à la société civile mobilisée pour la justice et la protection des droits de l’homme.» (apic/cx/rz)
Pour voir l’article sur le site internet de «La Croix»:
http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Nelson-Mandela-un-chretien-discret-2013-12-06-1071948?xtor=EPR-9-[1300543421]
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https://www.cath.ch/newsf/le-christianisme-un-aspect-central-de-la-vie-du-prix-nobel-de-la-paix/