Syrie: La ville chrétienne de Maaloula aux mains des djihadistes, «une ville fantôme»
Damas, 9 septembre 2013 (Apic) La ville chrétienne de Maaloula, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Damas, est tombée le 8 septembre aux mains des djihadistes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). La conquête par les islamistes, aux cris d'»Allahu Akbar», de cette de l’îlot chrétien du Qalamoun, où est encore parlé l’araméen, la langue de Jésus, a créé un profond choc dans la communauté chrétienne en Syrie et à l’étranger.
«Les rebelles islamiques ont fait irruption dans les habitations et ont capturé au moins six jeunes appartenant à l’Eglise grecque-catholique. Les corps des personnes abattues ont été abandonnés dans la rue en signe d’avertissement pour les habitant», écrit le 9 septembre l’agence d’information catholique AsiaNews à Rome.
Les combats, qui opposent depuis le 4 septembre l’armée et les milices gouvernementales aux djihadistes du Front Al-Nosra, ont fait de nombreux morts et blessés tant du côté des troupes régulières que des rebelles, selon l’OSDH basée à Londres. L’organisation informe que les islamistes, dont certains sont liés à al-Qaïda, ont pris dimanche le contrôle de toute la bourgade, qui s’est vidée de ses habitants, craignant les exactions des miliciens. Les chrétiens de Maaloula s’apprêtaient à célébrer le 14 septembre prochain la traditionnelle fête de l’Exaltation de la Croix, mais la majorité d’entre eux ont fui ce haut lieu du christianisme en Syrie, où la plupart des habitants sont de confession grecque-catholique melkite.
Les islamistes ont commencé à profaner les sanctuaires de Maaloula, détruisant des croix et des statues de la Vierge. Des centaines d’habitants de la ville, qui sont parvenus à s’enfuir, ont trouvé refuge dans les paroisses de la capitale Damas, mais les vivres ne suffiront bientôt plus. «Ces personnes sont traumatisées, des familles entières ont dû tout laisser à Maaloula, où ils ont passé toute leur vie. Ces réfugiés ont non seulement besoin de biens matériels comme la nourriture, l’eau et un lit pour se reposer, mais également d’un soutien spirituel, surtout les personnes âgées, les femmes et les enfants», relève une source locale citée par AsiaNews.
Le grand mufti Ahmad Badreddin Hassoun, responsable spirituel de l’islam sunnite en Syrie, a organisé le 7 septembre une célébration de prière et de jeûne pour la paix à la mosquée des Omeyyades de Damas. Des chefs religieux sunnites, chiites, alaouites, ismaélites, druzes ainsi que des représentants d’autres religions, tels que des juifs et des chrétiens étaient invités, rapporte lundi l’agence d’information vaticane Fides.
Le grand mufti, qui avait envoyé ces jours derniers une lettre au pape François, a expliqué à Fides le sens cette initiative, qui s’associe aux intentions du pape François, «afin de demander à Dieu qu’Il nous aide à trouver le chemin de la paix. La paix passe par la réconciliation et le pardon réciproque entre les Syriens».
Ahmad Badreddin Hassoun a publié samedi un édit proclamant une journée spéciale de jeûne pour les fidèles musulmans, «notamment en solidarité avec les tragiques événements de Maaloula», le village chrétien sis au nord de Damas attaqué par des islamistes au cours de ces derniers jours. «Personne d’entre nous ne s’attendait à ce qu’en Syrie, on puisse en arriver à l’extrême de profaner les églises et de frapper les symboles de la chrétienté. Nous sommes très tristes – ajoute le mufti – lorsque l’islam est utilisé comme une idéologie extrémiste qui en arrive à vouloir l’élimination de l’autre. La majeure partie des musulmans syriens a toujours considéré les chrétiens comme des frères». (apic/fides/asian/be)
webmaster@kath.ch
Portail catholique suisse