Tortures, simulacres d’exécution et humiliations
Rome/Bruxelles, 9 septembre 2013 (Apic) Le journaliste italien Domenico Quirico, 62 ans, et l’enseignant belge Pierre Piccinin, 40 ans, libérés dimanche 8 septembre par les rebelles syriens après avoir été enlevés le 9 avril, sont arrivés dans la nuit le 9 septembre à Rome et à Bruxelles. Selon les deux otages, qui ont passé cinq mois aux mains de divers groupes terroristes, la Syrie est devenue trop dangereuse pour les étrangers. Les deux otages ont subi «des violences physiques très dures», parlant de tortures, de simulacres d’exécution et d’humiliations.
«L’Armée syrienne libre (ASL) est en déliquescence. De nombreux groupes rebelles sont très radicaux, anti-occidentaux, anti-chrétiens même. La révolution n’est plus ce qu’elle était…», a déclaré lundi l’enseignant belge sur le site internet du quotidien «Le Soir» (www.lesoir.be).
Pierre Piccinin révèle que lui et le journaliste italien ont été enlevés à Qousseir par l’Armée syrienne libre (ASL) qui les a livrés à la brigade Abou Ammar. «Ces gens sont des demi-dingues, plus brigands qu’islamistes, plus ou moins inféodés au mouvement Al-Farouk, l’un des principaux groupes de rebelles, même s’il a un peu éclaté ces derniers temps», a déclaré Pierre Piccinin au quotidien belge.
Les otages ont été transférés dans de nombreux endroits à travers la Syrie, relève-t-il. «Ce n’était pas toujours le même groupe qui nous détenait, avec des groupes très violents, très anti-occidentaux et des islamistes anti-chrétiens».
Domenico Quirico, envoyé spécial de «La Stampa», un professionnel aguerri qui a couvert les événements du «Printemps arabe» (il lui a dédié un livre en 2011), a déclaré à son arrivée à l’aéroport de Ciampino, à Rome, avoir été maltraité et avoir eu peur. «J’ai cherché à raconter la révolution syrienne, a-t-il déclaré à son arrivée, mais il se peut que celle-ci m’ait trahi. Ce n’est plus une la révolution laïque d’Alep, elle est devenu autre chose, bien plus dangereuse!»
«Physiquement, ça va, malgré les tortures que nous avons subies, Domenico et moi. (…) Des humiliations, des brimades, de fausses exécutions. Domenico a subi deux fausses exécutions au revolver», a déclaré, sur les ondes de la radio Bel RTL, à son arrivée en Belgique,le professeur d’histoire d’un lycée de Philippeville.
Mgr Zenari, nonce apostolique à Damas, a déclaré à l’agence de presse catholique AsiaNews à Rome que les enlèvements sont une arme utilisée par les extrémistes islamiques et les criminels de droit commun pour terroriser la population et obtenir de l’argent ou des concessions. «Les enlèvements de personnes sont un fléau silencieux qui, depuis des mois, touche des centaines de familles. Les Syriens sont terrorisés par ces actes criminels qui ont de multiples auteurs et objectifs: du séquestre pour extorsion du fait de bandes sans couleur, à ceux qui se passent sur fond ethnique, religieux ou politique».
Diverses personnalités religieuses sont depuis des mois aux mains de ces bandes, notamment Mgr Georges Yohanna Ibrahim, évêque syro-orthodoxe, et Mgr Boulos al-Yazigi, évêque grec-orthodoxe, tous deux enlevés près de la frontière turque le 22 avril dernier, ainsi que les Pères Michel Kayyal (arménien-catholique), et Maher Mahfouz (grec-orthodoxe), séquestrés en février, et le dernier en date, le Père jésuite italien Paolo Dall’Oglio, dont on est sans nouvelles depuis sa disparition aux mains des groupes islamistes le 30 juillet dernier. (apic/com/asian/lesoir/stampa/be)
webmaster@kath.ch
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/tortures-simulacres-d-execution-et-humiliations/