Jordanie: Musulmans et chrétiens invités à combattre ensemble l’extrémisme et le terrorisme
Amman, 5 septembre 2013 (Apic) Musulmans et chrétiens ont été invités à combattre ensemble l’extrémisme, le terrorisme et la violence, lors d’une importante réunion rassemblant quelque 70 patriarches, délégués patriarcaux, évêques, prêtres et autres responsables des communautés chrétiennes de la région, les 3 et 4 septembre 2013 à Amman, la capitale de la Jordanie. Cet échange s’est tenu à l’initiative du roi Abdallah II de Jordanie.
Voulu par le souverain jordanien, ce sommet intitulé «les défis des chrétiens arabes», a permis à l’ensemble des représentants des diverses communautés chrétiennes de tous les pays de la région moyen-orientale de s’exprimer et de bénéficier d’une tribune médiatique sans précédent dans le monde arabe en cette période particulièrement troublée.
Les responsables chrétiens ont souligné qu’il y avait une nécessité urgente de faire savoir que les chrétiens arabes ne dépendent pas «d’agendas politiques» et de la vision qu’a l’Occident de la région du Moyen-Orient, peut-on lire le 5 septembre dans le quotidien jordanien anglophone en ligne «The Jordan Times».
Ils ont relevé que «le terrorisme n’a pas de religion», insistant sur le fait que musulmans et chrétiens devraient se lever ensemble face à tous les appels ou les groupes qui promeuvent le radicalisme religieux et l’étroitesse d’esprit, alors que la pluralité dans le monde arabe est l’un de ses plus forts atouts. L’occupation par Israël et l’activité permanente de colonisation des territoires palestiniens est une cause de violence et d’extrémisme dans la région. Elles sont susceptibles de conduire au radicalisme et à la violence dont les chrétiens sont devenus victimes dans certains pays arabes, relève «The Jordan Times».
Theophilos III, patriarche orthodoxe de Jérusalem et de toute la Palestine, a souligné pour sa part que la coexistence est «l’essence de la vie dans la région». Il a insisté sur le fait que les chrétiens arabes étaient natifs de la région, notant que la menace ne vient pas de la diversité mais de la violence et de l’extrémisme, et des tentatives de porter atteinte à la liberté de culte. Pour le patriarche orthodoxe, c’est le dialogue, et non la guerre ou la violence, qui sont la clef de la résolution des conflits dans la région.
Parmi les personnalités présentes, le cardinal Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, représentait le Saint-Siège. Le patriarche grec-orthodoxe d’Antioche, Yohanna X al-Yazigi, ainsi que le patriarche latin de Jérusalem Fouad Twal, ont également participé ce sommet. Mgr Fouad Twal s’est dit reconnaissant au roi Abdallah et à son frère, le prince Ghazi, conseiller pour les affaires religieuses et les droits culturels, d’avoir invité les chrétiens à venir à Amman. «Le roi de Jordanie et la famille hachémite ont le titre de custode des Lieux Saints musulmans et des Lieux chrétiens du patriarcat grec-orthodoxe», rappelle le patriarche latin de Jérusalem.
«Nous avons tellement besoin de cela: nous sommes dans un moment critique, nous vivons dans l’angoisse. L’appel du roi Abdallah est complètement en notre faveur», a-t-il déclaré à Radio Vatican.
«Le roi de Jordanie est de notre côté, il n’y a aucun danger. Nous tous, les patriarches, nous avons eu le courage de parler de tous les défis, de parler de modifier la Constitution des pays arabes disant que la charia (le droit islamique, ndr) et le Coran en sont à l’origine, de demander des amendements pour que les chrétiens se sentent chez eux, se sentent citoyens comme tous les autres, avec tous les devoirs et les droits inhérents, d’obtenir l’accès aux grands médias pour les chrétiens comme pour les autres, ce qui ne leur est pas accordé au Proche-Orient».
Le patriarche Fouad Twal salue le fait que les participants ont ainsi eu «le courage de dire les choses que nous avons tenues dans notre cœur pendant tant d’années, sans avoir eu le courage de le dire en public».
«J’espère maintenant que cela va passer dans les médias, que cela va arriver dans les écoles». Les chefs des Eglises d’Orient ont ainsi exprimé au grand jour leurs inquiétudes et leurs espoirs. Si, comme le rappelle Fouad Twal, les chrétiens réussissent à trouver l’oreille des responsables musulmans, il reste encore à toucher la base, «la rue, l’opinion publique». «Cela demande toute une éducation, un programme dans les écoles, une collaboration entre les églises et les mosquées, mais ce n’est pas si facile», reconnaît le patriarche latin de Jérusalem.
La protection des droits des chrétiens dans le cadre des conflits à matrice religieuse qui déchirent le Moyen-Orient «n’est pas une question de courtoisie, mais un devoir», parce que «les chrétiens arabes ont joué un rôle clef dans la construction des sociétés arabes et dans la défense des justes raisons de notre nation», avait déclaré le roi Abdallah II de Jordanie aux participants de la conférence d’Amman intitulée portant sur «les défis des chrétiens arabes». (apic/radvat/fides/be)
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