Algérie: Le gouvernement s’en prend aux prêches extrémistes dans les mosquées

Il dénonce le recours aux fatwas émises de l’étranger

Alger, 4 août 2013 (Apic) Le gouvernement algérien a engagé une bataille résolue contre les prêches extrémistes dans les mosquées. De la période allant de 1991 au milieu des années 2000, l’Algérie a été secouée par une terrible guerre civile, liée à l’extrémisme religieux. Sortie de cette passe difficile, ses dirigeants font du combat contre le fondamentalisme musulman un des axes principaux de leur politique.

«Nous voulons bâtir des écoles coraniques qui forment des musulmans algériens et non des musulmans afghans», a déclaré le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal, le 25 juillet dernier à Tindouf. Cité par le site d’information www.magharebia.com, spécialisé sur l’Afrique du Nord, il a exprimé la volonté de son gouvernement de soutenir la création d’écoles coraniques (…) à condition de ne pas prêcher les discours extrémistes prônés par les terroristes». En Algérie, le terme «terroriste» est généralement appliqué aux fondamentalistes musulmans.

De son côté, le ministère des Affaires religieuses et des wakfs (legs pieux inaliénables) a mis en garde contre des fatwas sollicitées auprès d’oulémas d’autres pays arabes dont ceux d’Arabie Saoudite et d’Egypte. La semaine dernière, le Bureau des fatwas de ce ministère a indiqué, par la voix de l’un de ses responsables, l’imam Djelloul Guessoul, qu’il y avait des Algériens qui se renseignaient, notamment durant le mois de Ramadan, auprès d’oulémas non algériens. Ils ne tiennent pas compte du fait que la fatwa (avis juridique émis par un spécialiste de loi islamique) diffère selon l’espace, le temps et la personne qui la promulgue.

Fatwas mortelles

«Nous mettons en garde contre ces fatwas sollicitées auprès d’oulémas étrangers. Car ils véhiculent des messages pouvant porter atteinte à l’intérêt suprême du pays, à notre référence et à notre intégrité religieuses», a déclaré l’imam Guessoul à l’APS (Agence Algérie Presse Service). Il a toutefois précisé que cette mise en garde n’était pas une interdiction catégorique fait aux Algériens de contacter des oulémas d’autres pays, «mais plutôt un rappel de l’impératif de connaître leurs tendances».

Pour l’imam Guessoul, l’Algérie dispose d’oulémas compétents en matière de jurisprudence. Il y a aussi un amalgame entre la disposition de l’islam et la fatwa, qui n’est qu’un avis religieux, a-t-il ajouté.

Des muftis autoproclamés utilisent les fatwas à des fins politiques

Interrogé par Magharebia, Zaim Khenchelaoui, anthropologue des religions, a estimé que l’usage de la fatwa en Algérie selon les pratiques et rites religieux propres aux pays du Machrek (Orient arabe) ou émanant de courants islamistes souvent extrémistes, peut avoir des incidences négatives dans la pratique de l’islam au Maghreb. «Ces fatwas qui viennent d’ailleurs sont mortelles. Elles ont tendance à prêcher la mort au lieu de prêcher la vie», a-t-il fait remarquer.

Selon Khenchelaoui, «des muftis autoproclamés utilisent les fatwas à des fins politiques pour déstabiliser les musulmans et semer le doute et le désespoir entre eux (…) La communauté de l’islam baigne désormais dans un océan de larmes et de sang, à cause de ce genre de fatwas», a-t-il déploré. (apic/ibc/be)

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