L’Occident doit ouvrir les yeux devant le danger représenté par les djihadistes
Alep, 11 juin 2013 (Apic) L’exécution en public par les islamistes d’un adolescent de 14 ans accusé d’avoir «insulté Mahomet» suscite l’inquiétude dans les milieux chrétiens d’Alep, mais également au sein de l’opposition modérée. L’Occident doit ouvrir les yeux devant le danger djihadiste, estime l’archevêque melkite d’Alep, Mgr Jean Clément Jeanbart, qui met en garde contre l’éventuelle victoire des islamistes en Syrie. «Une victoire djihadiste signifierait que les chrétiens ne pourraient plus pratiquer leur religion en Syrie», a-t-il déclaré à l’agence de presse catholique AsiaNews à Rome.
Le meurtre de Muhammad al-Qatta, un jeune vendeur de café sauvagement assassiné à Alep le 9 juin – «au nom d’Allah» – par un groupe de djihadistes est un événement terrible qui a choqué l’ensemble de la population la ville, musulmans et chrétiens. Ils ne veulent pas d’un Etat islamique en Syrie, a insisté Mgr Jean Clément Jeanbart. Le prélat grec-catholique souligne que cet acte est un autre exemple de la brutalité dont font usage les militants étrangers infiltrés en Syrie.
«Les chrétiens sont terrorisés par ces milices et craignent que si elles s’emparent du pouvoir, ils ne pourront plus professer leur religion et seront contraints à abandonner le pays», affirme Mgr Jeanbart. L’archevêque melkite estime qu’envoyer davantage d’armes en Syrie risque d’attiser encore plus la violence. Le brutal assassinat de Muhammad al-Qatta a fait le tour du monde et provoqué une vague d’indignation sur les sites internet.
L’incident s’est produit le dimanche 9 juin dans l’un des quartiers d’Alep contrôlés par les insurgés islamistes. Le jeune homme travaillait dans son kiosque, lorsque deux hommes se sont approchés pour lui demander de leur donner une tasse de café gratuitement. Le garçon aurait protesté, arguant que «même Mahomet en personne aurait fait le geste de bonne volonté et aurait payé».
Outré par la réaction du jeune garçon, les deux hommes armés ont capturé le petit Mohammed et, après l’avoir battu, l’ont conduit dans les rues afin de recueillir de faux témoignages contre lui. Ils ont prétendu que le garçon avait insulté le Prophète et l’islam. Après le verdict, l’adolescent, les yeux bandés, a été abattu de deux balles dans la tête et dans la nuque, devant ses parents et une foule de plus d’une centaine de personnes, forcés à assister à l’exécution. Le tribunal islamique du «califat de l’Irak et du Levant», le nom sous lequel les islamistes appellent les districts d’Alep sous leur domination, affirme qu’il n’a jamais autorisé ni l’exécution ni le procès de Muhammad al-Qatta.
Mgr Jeanbart assure que ces tribunaux islamiques sont un fléau qui sévit dans la plupart des zones contrôlées par les milices étrangères affiliées à al-Qaïda. Ils sont craints tant des autorités locales pro-rebelle que des partisans de Bachar al-Assad. «Dès qu’elles ont pénétré dans la ville, assure-t-il, les milices islamistes, dont la quasi-totalité provient de l’étranger, ont occupé les mosquées. Chaque vendredi, leurs imams lancent des messages de haine, appelant la population à tuer quiconque ne pratique pas la religion du Prophète Mahomet. Ils utilisent leurs tribunaux pour lancer des accusations de blasphème. Ceux qui s’opposent à leur manière de pensée le paient de leur vie». (apic/asianews/be)
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