Suisse: Sortie du nucléaire, des groupes chrétiens interpellent le Conseil national

Ils demandent la désaffectation planifiée des centrales nucléaires existantes

Berne/Lucerne, 6 juin 2013 (Apic) Des groupes chrétiens ont interpellé le 6 juin le Conseil national à Berne. Dans une lettre adressée aux parlementaires fédéraux, le groupe «Justice, paix et sauvegarde de la création» de la communauté de travail interfranciscaine et l’association «oeku Eglise et environnement» plaident pour la désaffectation planifiée des centrales nucléaires existantes.

Ils soutiennent «la solution sur la base d’accords» qui préconise une durée d’exploitation maximale des centrales nucléaires de 50 ans. Cette solution permettrait d’éviter d’autres affrontements dans la société à propos de l’avenir de l’énergie nucléaire et renforcerait la cohésion sociale, estiment les organisations chrétiennes.

Le groupe «Justice, paix et sauvegarde de la création» de la communauté de travail interfranciscaine de Suisse alémanique INFAG CH–GFS et l’association oecuménique «oeku Eglise et environnement» demandent aux parlementaires fédéraux de soutenir la motion de la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie CEATE-CN qui figure à l’ordre du jour de la session d’été 2013. La motion 13.3284 porte sur la «Désaffectation des centrales nucléaires suisses. Solution sur la base d’accords».

Une durée d’exploitation maximale de 50 ans

Celle-ci prévoit une réglementation, par la loi, de la désaffectation des centrales nucléaires existantes au terme d’une durée d’exploitation maximale de 50 ans. La décision du Conseil fédéral et du Parlement en faveur de l’abandon du nucléaire ne pourra être mise à exécution systématiquement que lorsqu’on aura établi clairement à quel moment les centrales nucléaires existantes seront mises hors service. Car si, pour des raisons de sécurité et de protection des humains et de l’environnement, la construction de nouvelles centrales nucléaires n’est plus autorisée, les centrales nucléaires existantes qui présentent des lacunes en matière de sécurité doivent aussi, pour les mêmes raisons, être mises hors service de façon planifiée, selon des délais.

Dans leurs prises de position sur la Stratégie énergétique 2050, la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) ainsi que l’association oecuménique «oeku Eglise et environnement» (Cf. www.oeku.ch/fr) ont relevé toutes deux que pour la réussite du tournant énergétique, il était essentiel d’adopter systématiquement la perspective de la sortie du nucléaire et d’opter pour une planification qui garantit la sécurité.

Inscrire dans la loi la durée d’exploitation maximale

La FEPS écrit en substance: «Les facteurs suivants plaident en faveur d’une limitation explicite de la durée de fonctionnement restante des centrales nucléaires: le gain de clarté pour les perspectives de la politique énergétique à moyen terme et, de ce fait, le gain dû au fait que toutes les forces de la société se concentrent sur le défi que représente un approvisionnement en énergie sans nucléaire».

Concrètement, la FEPS recommandait de lier la Stratégie énergétique 2050 à l’abandon de l’énergie nucléaire et d’inscrire dans la loi une durée d’exploitation maximale de 50 ans. Cette position correspond en grande partie à la solution sur la base d’accords présentée par la CEATE-CN. «Une politique énergétique et climatique qui se réfère à des critères éthiques soutient la cohésion sociale, est écologique et favorable à la paix. Une telle politique bénéficie aussi du soutien des Eglises», écrivent les deux organisations chrétiennes.

Encadré

Le Conseil fédéral ne veut pas d’un «régime de limitation rigide»

Pour le Conseil fédéral, la solution prônée par la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie du Conseil national (CEATE-N) «n’inciterait plus les exploitants à maintenir leurs installations dans le meilleur état possible: ils risqueraient au contraire de ne plus vouloir investir dans la sécurité et de se limiter aux marges sécuritaires existantes». Selon la réglementation actuelle, les centrales nucléaires peuvent être exploitées aussi longtemps que leur sécurité est assurée.

«La motion conduirait à une mise hors service sommaire des installations, laquelle pourrait survenir avant la fin de la période d’exploitation définie en termes de sécurité technique. L’assujettissement des durées d’exploitation à un régime de limitation rigide – comme proposé dans la motion – ne se justifierait guère par des arguments sécuritaires et constituerait une atteinte à la garantie de la propriété des exploitants. Si la motion était acceptée, la Confédération risquerait d’être contrainte de les indemniser». (apic/com/be)

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