Un rassemblement sur fond de durcissement de la loi sur l’asile
Saint-Maurice, 2 juin 2013 (Apic) Douze chorales africaines venues de toute la Suisse ont fait vibrer les rues de Saint-Maurice, en Valais, aux sons des chants et des percussions, à l’occasion du 12e pèlerinage aux Saints d’Afrique. Cette année, le rassemblement était dédié à un saint d’Ethiopie, Ghebre Michaël. L’ombre de la prochaine votation sur la révision de la loi sur l’asile a toutefois quelque peu assombri cette journée festive.
C’est dans une ambiance de carnaval qu’un cortège chantant et dansant a pris la route en début d’après-midi depuis la Maison de la Famille à Véroliez en direction de l’abbaye de Saint-Maurice. Comme le veut la tradition chaque année depuis maintenant douze ans, des chorales africaines venues de toute la Suisse célèbrent ici leur pèlerinage au Saints d’Afrique. A l’honneur de cette 12e édition, la chorale érythréenne de Lausanne, qui participe pour la première fois.
Le temps est clément. Claude Maillard, membre de la société des Pères blancs (ou Missionnaires d’Afrique), et l’un des organisateurs du pèlerinage, exprime sa satisfaction: «Nous avons de la chance avec la météo, et l’ambiance est festive», note-t-il. Les pèlerins se dirigent vers l’Abbaye de Saint-Maurice, où une messe sera célébrée à 15h30. Les chants gagnent en volume sonore et le passage de la procession est salué par des badauds, sortis sur le pas de leurs maisons.
Initié il y a douze ans, le pèlerinage aux Saints d’Afrique avait pour objectif de donner une image positive de l’Afrique. «Je suis étonné de voir à quel point ce pèlerinage se développe. Nous avons débuté en 2001, avec deux ou trois chorales seulement. Et puis chaque année, une chorale nouvelle nous rejoint», raconte Claude Maillard.
Malgré l’ambiance festive, le rassemblement avait cette année une connotation particulière, à l’approche de la votation du 9 juin, où les Suisses se prononceront sur un durcissement de la loi sur l’asile. Le sujet a été évoqué lors de la cérémonie du matin à Véroliez. «Ce durcissement de la législation inquiète les Africains, et particulièrement les Erythréens, qui sont enrôlés de force dans l’armée pour une durée indéterminée», souligne Claude Maillard, ajoutant: «L’un des participants a d’ailleurs témoigné ce matin devant l’assemblée de sa fuite d’Erythrée».
L’Erythrée est en effet le principal pays de provenance des demandes d’asile en Suisse. Si le peuple suisse se prononce en faveur de la révision du droit d’asile, la désertion ne sera plus un motif valable pour demander l’asile.
Ghebre Michaël est né entre 1788 et 1791 à Dibo, dans l’ouest de l’Ethiopie. Il devint moine orthodoxe dans le monastère de Mertule Maryam en 1816. Il y étudia la théologie, particulièrement la théologie patristique, et s’intéressa à l’histoire du monachisme.
Ghebre Michaël demanda à postuler pour entrer dans la Congrégation de la Mission. Mais, en 1853, l’Empereur Théodorus lança une persécution qui décima la communauté catholique. Ghebre Michaël, arrêté au cours d’une rafle, fut alors incarcéré, avec quatre autres convertis. Entravés à une même poutre, ils étaient forcés de suivre les déplacements du camp impérial dans les montagnes.
Les sévices et tortures durèrent pendant deux ans jusqu’à ce que le choléra l’emporte. Il mourut les 28 août 1855, alors qu’il venait d’être reçu dans la Congrégation de la Mission. Il fut enterré là où il mourut, au bord de la route, à un endroit difficile à identifier précisément. Il fut béatifié par Pie XI le 3 octobre 1926.
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