Fribourg: Assemblée générale des Amis de l'Hôpital de la Paix à Istanbul

Une année 2012 marquée par des changements dans la direction

Fribourg, 2 juin 2013 (Apic) L’année 2012 a été marquée, pour l’Hôpital de la Paix à Istanbul, par d’importants changements au niveau de la direction. Et même si la fréquentation demeure insuffisante et si les directives du gouvernement turc continuent de poser problème, la vie de l’établissement psychiatrique n’en est pas affectée, ont témoigné plusieurs participantes à Assemblée générale des Amis de l’Hôpital de la Paix, le 1er juin à la Maison provinciale des Filles de la Charité, à Fribourg.

Depuis plusieurs années déjà, l’Hôpital de la Paix, géré par les Filles de la Charité (Sœurs de Saint Vincent-de-Paul) depuis sa fondation en 1858, est marqué par des difficultés financières. L’établissement n’est fréquenté que par 113 patients, alors que 130 à 150 seraient nécessaires pour assurer son financement, a expliqué à l’Apic Sr Maggy Joye, économe provinciale des Filles de la Charité pour la Suisse romande. La concurrence devient toujours plus rude dans une ville d’Istanbul qui se développe à grande vitesse. Par ailleurs, l’hôpital accueille une dizaine de malades qui n’ont pas les moyens de payer leur séjour, et de nombreux autres qui n’en paient qu’une partie. De plus, les décrets «incroyables» du gouvernement turc ne facilitent pas son organisation, ni sa situation financière. «Un exemple? Nous avons eu l’obligation, même en tant qu’hôpital psychiatrique, de nous doter d’une station de soins intensifs avec tout l’équipement», illustre Sr Maggy. «La salle a été installée. Elle n’a jamais servi, puis le décret a ensuite été annulé».

Même si l’Hôpital de la Paix a des comptes entièrement séparés de ceux de l’Association des Amis, un soutien de cette dernière permet parfois d’affronter des investissements coûteux, comme un renouvellement de la literie ou une participation à l’équipement. L’association contribue également au programme d’animation de l’établissement, ainsi qu’à la prise en charge de certains patients parmi les plus indigents, a précisé son président Paul Grossrieder, ancien directeur général du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Les comptes 2012, présentés par la caissière Claire-Lise Demierre et unanimement approuvés par la trentaine de membres présents, se sont soldés par des produits de 30’218 frs, formés essentiellement des cotisations et des dons, et des charges de 30’070 frs.

Un nouvel administrateur et une nouvelle supérieure

Sr Madeleine, provinciale des Filles de la Charité, s’est rendue récemment à Istanbul en compagnie d’une délégation du comité. Dans son rapport à l’assemblée générale, elle a témoigné de l’excellent fonctionnement de cet hôpital situé au cœur de la ville. L’année 2012 a surtout été marquée par d’importants changements au niveau de la direction. Sr Myriam, qui était à la fois supérieure de la communauté et de directrice de l’hôpital, est partie en avril 2012. Ses deux fonctions ont été séparées. La direction administrative de l’hôpital a été reprise par M. Cafer, alors que la Française Sr Catherine a été installée en novembre comme supérieure de la communauté des Filles de la Charité à Istanbul.

Françoise Eisenring, secrétaire de l’Association, qui a accompagné Sr Madeleine à Istanbul, a présenté les projets et les nouveaux défis que pourrait relever l’Hôpital de la Paix. Selon elle, l’activité des médecins devrait davantage déborder dans les relations publiques. Ils sont très compétents, mais leur réputation n’est pas assez étendue dans le pays, a-t-elle affirmé. Françoise Eisenring a également évoqué une redynamisation du service de neurologie, ainsi qu’un projet de d’art à but thérapeutique, en vue de renforcer les gestes du quotidien. Un projet d’accompagnement individuel des patients hors de l’établissement est également à l’étude.

Une oasis au coeur de la ville

Au terme de la partie statutaire, la Turque Nilgün Sailer, musulmane et membre du comité, a rapporté des images et des impressions de sa récente visite à l’Hôpital de la Paix. Elle a décrit Istanbul, qui compte 15 millions d’habitants, comme une ville de contrastes et de ponts (entre Asie et Europe, entre Orient et Occident, entre chrétiens et musulmans notamment). L’Hôpital de la Paix, situé entre larges boulevards, quartiers d’immeubles et immenses tours, est apparue à Nilgün Sailer comme une véritable oasis. Ses longs bâtiments aux toits rouges enserrent des jardins verdoyants, propices à la balade comme à l’animation. «Il est très rare de voir un tel espace de verdure au cœur de la ville», a-t-elle affirmé, images à l’appui. Elle a attesté de l’ambiance fraternelle, du bonheur ressenti par les patients et du climat de sérénité règnant dans cet établissement qui accueille tous les malades, sans distinction de provenance ou de religion.

Encadré:

Etablissement pour soigner les victimes de la guerre de Crimée

L’Hôpital de la paix, en turc «Özel Fransiz Lape Hastanesi», est géré par les Filles de la Charité (Sœurs de Saint Vincent-de-Paul) depuis sa fondation en 1858, suite aux affres de la Guerre de Crimée. Plus de 300 soeurs françaises avaient alors répondu à l’appel conjoint des gouvernements ottoman et français pour aller soigner les soldats blessés et les victimes de la guerre.

Pour récompenser cet engagement, le Sultan Abdülmecit fit don aux soeurs de Saint Vincent-de-Paul d’un terrain situé dans le quartier de Sisli, à Istanbul.

L’Hôpital de la paix, confié depuis 1998 à la Province suisse des Filles de la Charité à Fribourg, est reconnu par le Ministère turc de la santé comme hôpital de psychiatrie et de psychogériatrie privé. Mais cet établissement privé de 150 lits, s’il est soumis à la surveillance du Ministère, ne reçoit par contre aucune subvention. Il vit des pensions versées par les patients, du travail des soeurs, ainsi que de dons privés.

(apic/bb)

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