Birmanie : Nouvelle vague de violence antimusulmane

Le « groupe 969 » incite la population bouddhiste à boycotter les magasins musulmans

Rangoun, 11 mai 2013 (Apic) Les violences interreligieuses entre bouddhistes et musulmans se poursuivent en Birmanie. Elles s’étendent pour la première fois dans l’Etat Kachin, une région majoritairement chrétienne du nord du pays, rapporte le 11 mai 2013 l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris, Eglises d’Asie. Mgr Bo, archevêque de Rangoun, a lancé un nouvel appel à la paix et demandé l’intervention du gouvernement.

Le 3 mai dernier, une nouvelle vague de violence a touché la région de Hpakant, dans l’Etat Kachin, où plusieurs magasins et habitations appartenant à des musulmans ont été détruits par des groupes de bouddhistes armés. Dans cette région du nord du pays, où de violents combats entre l’armée et les rebelles de la minorité kachin se poursuivent depuis près de deux ans, aucune attaque de ce genre n’avait encore été recensée.

Depuis qu’elles ont débuté il y a un an, les violences intercommunautaires entre musulmans et bouddhistes ont fait des centaines de morts et des milliers de réfugiés. Mais depuis quelques mois, les attaques ciblant la communauté musulmane dans son ensemble se sont multipliées, orchestrées par le « groupe 969 », lequel incite à grand renfort d’affiches, de tracts, d’autocollants, de CD et de DVD, toute la population bouddhiste à boycotter les magasins musulmans afin de « protéger la race et la religion birmanes ».

Ce chiffre 969, qui traditionnellement fait référence aux trois joyaux du Bouddha, symbolise aujourd’hui la haine raciale et religieuse des adeptes du Vénérable Wirathu, chef de file du mouvement. Rencontrant une forte adhésion populaire, la «campagne 969 » est diffusée également sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, où elle contribue à renforcer l’impact des attaques.

Lors des trois jours de saccage de Meiktila en mars dernier, les émeutiers ont peint le chiffre 969 sur les décombres des boutiques. Six musulmans accusés de meurtre d’un moine bouddhiste, dans le cadre des émeutes de Meiktila, risquent la peine de mort, rapporte le vendredi 10 mai Democratic Voice of Burma (DVB). Un 7e suspect doit comparaître devant le Tribunal pour enfants tandis que quatre autres sont encore recherchés par la police.

La complicité du gouvernement

Mais aucun des bouddhistes ou responsables religieux ayant participé aux violences ou incité à la haine religieuse n’a été inquiété, malgré les protestations de nombreuses ONG, dont Human Rights Watch (HRW), qui dénoncent la protection des agresseurs par le gouvernement et les forces de l’ordre. De récentes vidéos postées sur le Net ont ravivé la polémique, en révélant l’implication des moines bouddhistes et la complicité de la police dans la mise à sac des villes et les violences antimusulmanes de ces dernières semaines.

Au lendemain de cette dernière attaque dans l’Etat Kachin, Mgr Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, a appelé le 4 mai le gouvernement birman et tous les responsables religieux du pays à « adopter des mesures urgentes afin de protéger les communautés les plus vulnérables, et empêcher d’agir ceux qui incitent à la haine et à la violence ». Une telle déclaration, qui est rare dans un pays où il est peu compris que les chrétiens s’immiscent dans les affaires intérieures de l’Etat, souligne le caractère de gravité que l’Eglise accorde à la situation actuelle. (apic/eda/cw)

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