Saint-Maurice: Venue en Suisse de Mgr Ramzi Garmou, archevêque chaldéen de Téhéran

Témoignage sur la vie des chrétiens au pays des ayatollahs

Saint-Maurice, 23 avril 2013 (Apic) L’infime minorité chrétienne vivant dans la République islamique d’Iran fait très peu parler d’elle. Les chrétiens y sont moins de 0,05% sur une population de 78 millions d’habitants. Près de 99% des Iraniens sont musulmans, dont 89% sont chiites et 9% sunnites. C’est pour faire connaître cette réalité méconnue que la section suisse de l’œuvre d’entraide catholique «Aide à l’Eglise en Détresse» (AED) a invité Mgr Ramzi Garmou, archevêque chaldéen de Téhéran. Il apportera son témoignage bouleversant lors des messes du samedi 11 et du dimanche 12 mai prochain à Saint-Maurice, en Valais.

Président de la Conférence épiscopale iranienne, Mgr Ramzi Garmou rappelle que depuis les tout débuts du christianisme, la présence chrétienne dans cette région est avérée: les Actes des Apôtres mentionnent des Parthes, des Mèdes et des Elamites – tous Perses – parmi les premiers chrétiens convertis à la Pentecôte. Cette Eglise d’Orient fut ainsi une des premières Eglises chrétiennes. Elle fut fondée, selon la tradition, par l’apôtre Thomas, souligne Mgr Garmou. L’archevêque de Téhéran est né le 5 février 1945 à Zakho, au Kurdistan irakien.

Le christianisme s’est implanté en Perse dès les premiers siècles

Malgré l’hostilité de l’élite zoroastrienne dominante, le christianisme s’est implanté en Perse vers la fin du IIIe siècle, en particulier au sein de la minorité de langue syriaque. Suite à l’Edit de tolérance ou Edit de Milan, promulgué en 313 par les empereurs Constantin Ier à Rome, et Licinius, régnant sur l’Empire romain d’Orient, les chrétiens ont rencontré davantage de difficultés en Perse. Ils ont tout de même survécu à l’arrivée de l’islam en Perse dès le VIIe siècle, qui deviendra la religion hégémonique dans le pays.

Par la suite, les Arméniens, appartenant à l’Eglise apostolique arménienne, ont joué un grand rôle dans la vie économique de l’Iran moderne jusqu’à l’avènement de la République islamique d’Iran en 1979. Depuis lors, la présence chrétienne a été divisée par trois, étant donné la forte émigration qui l’a décimée. Dans sa Constitution actuelle, l’Iran dispose que les Iraniens «zoroastriens, juifs et chrétiens» sont reconnus comme les seules minorités religieuses «qui, dans les limites de la Loi, sont libres d’accomplir leurs rites religieux et, quant au statut personnel et à l’éducation religieuse, agissent en conformité avec leur liturgie». Les trois minorités officiellement reconnues, les «gens du Livre», ont des sièges réservés au Parlement de la République islamique.

Interdit de proclamer l’Evangile dans l’espace public

Aujourd’hui, les minorités religieuses reconnues se composent d’environ 110’000 chrétiens, 20’000 zoroastriens et 10’000 juifs, selon les données officielles. Certains observateurs estiment que les chrétiens arméniens apostoliques vivant encore en Iran seraient plus du double des chiffres officiels, mais ces données sont difficiles à vérifier. Les communautés catholiques, rassemblant plus de 10’000 fidèles, se composent de Chaldéens, d’Arméniens et de Latins. De plus, jusqu’à 20’000 chrétiens assyriens et plusieurs milliers d’anglicans et de protestants évangéliques seraient encore présents dans le pays.

Si ces communautés sont reconnues par la Constitution, ont le droit de pratiquer leur religion et bénéficient aussi d’une certaine autonomie juridique, elles se trouvent cependant sous constante observation. Il leur est ainsi interdit de proclamer l’Evangile dans l’espace public.

L’AED rappelle que les convertis de l’islam sont tout aussi impitoyablement persécutés que les communautés religieuses non reconnues, telles que les Bahaïs et les Ahmadis. Les discriminations à l’encontre des minorités religieuses se traduisent également par des restrictions dans le droit civil et pénal ainsi que des discriminations dans le domaine de l’emploi. L’œuvre d’entraide catholique apporte un soutien constant à ces communautés, leur permettant ainsi de continuer à assurer une présence «dans l’espoir qu’un jour la liberté religieuse aura à nouveau sa place dans ce pays». JB

Saint-Maurice (VS):

Messe du samedi 11 mai 2013 à 18h00 à l’église Saint-Sigismond

Messe du dimanche 12 mai 2013 à 19h30 à la Basilique de Saint-Maurice (apic/be)

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