Berne: Les travaux de restauration de la Collégiale touchent à leur fin
Berne, 22 avril 2013 (Apic) Les Bernois verront-ils un jour leur Collégiale sans échafaudages ? Les travaux de restauration, débutés il y a une cinquantaine d’années, devraient normalement se terminer l’année prochaine. Seule la flèche de la tour est aujourd’hui encore en chantier. L’occasion de (re)découvrir cet imposant édifice de style gothique, devenu protestant en 1528, qui accueille quelque 70’000 visiteurs par an. Visite guidée avec la gardienne des lieux.
A l’image des travaux de construction qui ont duré près de cinq siècles, la restauration de la Collégiale de Berne semble ne jamais finir. Débutée dans les années 1960, la cure de jouvence est toutefois censée se terminer fin 2014. «Mais il y a toujours quelque chose à faire», prévient Marie-Thérèse Lauper, gardienne de ce monument classé en 1983, avec la vieille ville de Berne, au patrimoine mondial de l’UNESCO, avant de s’élancer dans l’escalier en colimaçon de la tour. 312 marches nous attendent.
Un lifting, ce joyau de l’art gothique, dont la première pierre a été posée en 1421, en avait bien besoin. «Ces travaux de restauration sont les premiers depuis 120 ans», poursuit la gardienne, sans diminuer sa cadence. Avec la pluie, le vent, la pollution, la molasse s’est érodée. Des pierres menaçaient de chuter. Côté porte-monnaie, la rénovation de la Collégiale de Berne coûte quelque deux millions et demi de francs par an. La Ville, le canton, la Confédération et l’Eglise protestante se partagent la facture.
L’escalier s’étire, sans fin, dans la tour. 222 marches plus tard, enfin la première galerie. C’est là que vivent les gardiens des lieux, tout près des étoiles et des hirondelles qui font leur nid dans la dentelle de pierre. L’appartement de trois pièces, qui comprend cuisine et salle de bain, est actuellement inoccupé, car lui aussi en rénovation. Quand les travaux seront terminés, Marie-Thérèse Lauper viendra peut-être y vivre. «J’y réfléchis, mais, dans le fond, je ne vois pas qui d’autre pourrait habiter ici», assure-t-elle.
Jusqu’au début du XXe siècle, le travail des gardiens de la Collégiale consistait essentiellement à prévenir la population bernoise des dangers. Aujourd’hui, Marie-Thérèse Lauper raconte l’histoire de l’édifice aux touristes et les anecdotes qui l’entoure, vend des cartes postales et organise les nuits de pleine lune des apéros.
Seule, Marie-Thérèse Lauper ne l’est pas vraiment, là-haut. Des gargouilles, chargées d’éloigner le mal, «qui vient toujours de l’ouest, selon les croyances du Moyen-Âge», allègent sa tâche de gardienne. La mascotte de la tour, une petite souris grise prénommée Jimmy Flitz, veille aussi au grain depuis sa maison de poupées miniature. Ses aventures, contées par Marie-Thérèse Lauper, font la joie des enfants.
Comme une petite infidélité à Saint Vincent de Saragosse, à qui est dédiée la Collégiale, une prière irlandaise protège les lieux: «Puisses-tu trouver des paroles réconfortantes, par une soirée froide et sombre, éclairée par la pleine lune, sur le chemin du retour jusqu’à ta porte».
90 marches plus haut, nous voilà dans la seconde galerie. Impossible d’aller au-delà sans pratiquer la varappe. La vieille ville, l’Aar, le Palais fédéral, les Alpes, le Jura…. La vue, époustouflante, inspire cette réflexion à la gardienne de la tour: «Ce que je trouve fascinant, c’est que Berne est une ville de 300’000 habitants, mais on ne les voit pas». Les échafaudages, dernière touche à la rénovation de la façade extérieure, entourent la pointe de l’édifice, qui culmine à 100,6 mètres. Ce qui en fait le plus haut clocher de Suisse.
La descente est plus rapide, même si le nombre de marches est plus élevé qu’à l’aller (344). Il est 15h00. La «Betglocke» sonne à toute volée. Les touristes, mains sur les oreilles, s’approchent tout près. Non contente de posséder le plus haut clocher de Suisse, la Collégiale de Berne s’enorgueillit d’avoir la plus grosse cloche du pays, qui trône dans une autre salle en contrebas. Coulé en 1611, le grand bourdon pèse à lui tout seul 10 tonnes. L’escalier s’enroule sur lui-même jusqu’à donner le tournis.
Retour dans la nef. L’autel, à l’entrée du chœur, volé à la cathédrale de Lausanne lors de la conquête du Pays de Vaud, au XVIe siècle, symbolise la toute puissance bernoise. Les tombes de deux personnages insolites sont disposées des deux côtés du chœur. «Au temps où l’édifice était catholique, le prévôt de l’église Burkhard Stör est mort très endetté», raconte Marie-Thérèse Lauper. «On lui a donné d’abord une tombe dans l’église à la fin du XVe siècle. Mais lorsque l’on a découvert qu’il avait beaucoup de dettes, on l’a enterré dehors. La Ville a ensuite remboursé son ardoise, et son corps a à nouveau été transféré ici».
Plus original, un pirate du Rhin est également enterré dans la Collégiale. «Au XVe siècle, Hans Schneuwly avait un château fort près de Bâle. Il était un peu le ‘Robin des Bois’ de la région. Lorsqu’il n’avait plus d’argent, il attaquait les bateaux marchands. Il gardait la majeure partie du butin pour lui, et donnait l’autre aux pauvres». Et comment expliquer qu’il soit enterré à Berne? " Il est mort lors de la bataille de Morat, en 1476, le jour des ’10’000 chevaliers’, des martyrs adorés des Bernois…mais je crois que c’est aussi parce qu’il a donné un peu de son argent à la Collégiale!», plaisante Marie-Thérèse Lauper.
Un dernier coup d’œil au plafond, avant de sortir. La voûte du chœur compte plus de saints que dans n’importe quelle église (81 exactement). Encore un record national. «Elle sera restaurée à son tour en vue de son 500e anniversaire, en 2017», explique Marie-Thérèse Lauper. Un nouveau chantier en perspective. (apic/cw)
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