Berne: 67'000 signatures déposées pour le référendum contre la journée de travail de 24 heures

L’Alliance pour le dimanche n’a pas chômé

Berne, 3 avril 2013 (Apic) «La nuit m’appartient», peut-on lire sur une banderole déployée le 3 avril 2013 sur la terrasse du Palais fédéral à Berne. Une joyeuse troupe de représentants des syndicats, d’associations de travailleurs, de partis de gauche et d’Eglises de Suisse est venue défendre le droit au repos, à la vie sociale, familiale, associative et religieuse, mis à mal par les récents projets d’étendre les horaires des commerces. L’Alliance pour le dimanche a déposé à la Chancellerie fédérale les 67’000 signatures nécessaires pour que son référendum contre la journée de travail de 24 heures soit soumis au peuple.

Parmi une nuée de drapeaux de syndicats et de partis politiques, des «clones» de Fabio Abate (PLR) et Christian Lüscher (PLR), deux farouches partisans de l’extension des horaires de travail au Parlement, tournent en permanence une horloge dont les aiguilles sont des êtres humains. L’installation figure les turbos de la libéralisation actionnant une manivelle pour faire trotter en permanence, à toute vitesse, des travailleurs et travailleuses. Les faux politiciens distribuent à la foule des boîtes de médicaments «stimulants» censés aider les employé-e-s à supporter ces rythmes frénétiques.

De nombreux orateurs, dont les parlementaires Jacques-André Maire (PS) et Jo Lang (Verts) ont rappelé à la tribune que l’actuel élan libéral qui touche l’économie doit être freiné, sous peine de voir disparaître de nombreux acquis essentiels des citoyens. Ils ont soutenu notamment que l’extension des horaires n’était pas un moyen efficace de favoriser la consommation des ménages. Pour les partisans du référendum, seule une augmentation du pouvoir d’achat est en mesure de le faire.

Freiner le cheval de Troie de la libéralisation

67’082 signatures ont été déposées le 3 avril à la Chancellerie fédérale. Mais c’est près de 86’500 paraphes qui ont été récoltés en l’espace de trois mois, soit «à une vitesse record», affirme le communiqué de l’Alliance pour le dimanche. Les exigences minimales requises pour le lancement d’un référendum facultatif sont de 50’000 signatures rassemblées dans un délai de 100 jours. Ces résultats permettent déjà aux initiateurs du texte de parler de «succès» et d’affirmer que le peuple est opposé à l’extension des horaires des commerces.

Les référendaires avertissent que la libéralisation des shops des stations services, souhaitée par le groupe vert-libéral, introduirait pour la première fois la journée de travail de 24 heures dans le commerce de détail. «Et il ne s’agit que d’un cheval de Troie», prévient l’Alliance pour le dimanche. D’autres projets tout aussi radicaux devraient suivre. Le conseiller aux Etats Fabio Abate (PLR) exige par exemple l’introduction à grande échelle du travail du dimanche. Une autre motion du député PDC Filippo Lombardi a récemment été acceptée par le Conseil national. Elle prévoit des heures d’ouverture prolongées jusqu’à 20h en semaine et 19h le samedi.

Eviter le «burn out» de la société

Parmi les membres de l’Alliance pour le dimanche figurent de nombreuses organisations chrétiennes, telles que l’Eglise évangélique méthodiste, la Fédération des Eglises protestantes de Suisse, le Mouvement des travailleurs catholiques KAB, ou encore la Commission Justice et Paix de la Conférence des évêques suisses (CES). C’est le secrétaire général de cette dernière organisation, Wolfgang Bürgstein, qui représentait l’Eglise catholique lors de la manifestation du 3 avril. Il a confié à l’Apic que la sauvegarde du temps libre, notamment le dimanche, était un engagement traditionnel de l’Eglise catholique. «Ce n’est pas juste une question de défense de la pratique religieuse, ce combat est important pour l’ensemble de la vie sociale», a affirmé le représentant de l’Eglise. Il a ensuite rappelé l’avertissement lancé récemment par Mgr Martin Werlen selon lequel notre société est menacée par le «burn out». La priorité toujours plus grande donnée à l’économie aux dépens des autres aspects de l’existence humaine met en danger l’ensemble du fonctionnement de la société, avait souligné l’abbé d’Einsiedeln. (apic/rz)

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