Sean Michael Winters, journaliste au «National Catholic Reporter», fustige cette attitude

Québec: Certains évêques américains se comportent comme des «guerriers culturels»

Québec, 26 mars 2013 (Apic) Certains évêques américains se comportent comme des «guerriers culturels», estime l’écrivain Sean Michael Winters, rédacteur à l’hebdomadaire indépendant américain «National Catholic Reporter». De passage à Québec le 21 mars 2013 lors de la journée d’étude sur la parole épiscopale à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval, le journaliste américain a critiqué l’attitude de certains prélats dans l’espace public aux Etats-Unis.

Sean Michael Winters a décrit l’émergence depuis quelques années d’un groupe d’évêques catholiques américains qualifiés de «guerriers culturels». A ses eux, ces prélats adoptent une rhétorique guerrière, dans laquelle la relation avec la société se pose souvent en termes de «combats» et de «victoires». Il considère qu’une telle posture «nuit à la crédibilité de leur message». Le journaliste américain reconnaît toutefois que de nombreux évêques «pastoraux» n’adoptent ni n’approuvent ce type de comportement.

La morale sexuelle occupe trop d’espace

L’accent militant sur des questions liées à la morale sexuelle relève ainsi d’une sorte de «surdité», ou d’une incapacité à tenir compte d’une réalité socio-ecclésiale américaine profondément blessée par les nombreux scandales d’abus sexuels.

Le journaliste américain, cité par la radio chrétienne québécoise «Radio Ville-Marie», a également relevé l’émergence de l’expression «mal intrinsèque» au sein du discours épiscopal américain. «Une expression qui ferme plus de portes au dialogue qu’elle n’en ouvre».

Alignement politique sur le Parti républicain

Le journaliste américain déplore également l’alignement politique de ces évêques militants sur le Parti républicain. Ce choix découle de l’adoption par ces prélats du modèle du «guerrier culturel».

Sean Michael Winters croit par contre que l’épiscopat gagnerait à adopter un rôle «prophétique» et «non partisan», en mettant la même vigueur à critiquer tout aussi bien les dérives du marché et du modèle néolibéral.

Le journaliste est d’avis qu’à la fin, la posture des évêques américains oscille entre celle d’un prophète et celle d’un pèlerin. Dans ce cas-ci, le prophète fait figure de «témoin parfait» alors que le pèlerin se présente comme un pécheur qui s’efforce de mettre en pratique la justice et la charité. Et de conclure que la nouvelle évangélisation ne pourra réussir que si elle devient pèlerine. Car il n’y a désormais pas de prophète qui ne soit d’abord pèlerin. «Cela est nécessaire pour une parole épiscopale crédible». (apic/rvm/be)

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