L’Action de Carême va-t-elle réduire sa participation au «secteur suisse»?

Delémont: Assemblée plénière de la Conférence centrale catholique romaine

Delémont, 22 mars 2013 (Apic) Lors de sa première assemblée plénière de 2013, la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ) s’est penchée sur des questions touchant l’avenir: Quelles évolutions devraient préoccuper plus particulièrement l’Eglise et les corporations ecclésiastiques? Qu’en sera-t-il du cofinancement des tâches accomplies par l’Eglise à l’échelon de la Suisse et des régions linguistiques? En quoi pourrait-on améliorer la communication de la RKZ?

Dans son allocution de bienvenue à Delémont, le président de la Conférence centrale, Hans Wüst, a parlé d’une «semaine mémorable» à propos de la récente élection inattendue d’un jésuite et cardinal argentin en qualité de chef de l’Eglise catholique romaine. Toutefois, il a insisté aussi sur le fait que la vie ecclésiale se déroule à l’échelon local: «On ne saurait charger autrui d’être chrétien à sa place. Mais il est plus motivant de défendre la foi et l’Eglise lorsque nous nous sentons soutenus par le pape et les évêques, et que nous éprouvons l’impression qu’eux aussi perçoivent les signes des temps et encouragent notre participation active à la vie ecclésiale.» C’est dans le même esprit qu’Hans Wüst a introduit la partie thématique de l’assemblée plénière consacrée à l’»avenir de l’Eglise catholique en Suisse en tant que défi lancé à la Conférence centrale et à ses membres». Il a proposé de la placer sous cette affirmation entendue lors d’une cérémonie de confirmation de jeunes gens et jeunes filles: «Qui ne s’ouvre pas à l’avenir fait un mauvais usage du présent et méprise le passé.»

Dix thèses concernant l’avenir en débat

A partir de dix thèses, les délégués ont discuté intensément au sein de groupes de travail des évolutions auxquelles la RKZ devra veiller plus particulièrement si elle entend être à la hauteur des défis qui l’attendent. Les trois thèses ci-dessous ont retenu l’attention de la majorité de l’assistance:

? En matière de ressources humaines et financières, on ne peut plus tabler sur la moindre croissance. A lui seul, un statu quo constituerait une victoire. Une diminution sera la règle à court terme.

? La caution accordée par la société à l’Eglise diminue. Le soutien de l’Etat perdra de son importance.

? La foi et l’appartenance à l’Eglise ne sont plus cultivées ni transmises automatiquement. Ce phénomène, aujourd’hui déjà manifeste, est destiné à s’accentuer à l’avenir.

Les piliers pastoral et ecclésiastique de l’Eglise

Les délégués ont par ailleurs manifesté un grand intérêt pour une onzième thèse formulée par l’un des groupes de travail et conçue comme une réponse à l’affaiblissement de la considération dont jouit l’Eglise dans la société:

? L’avenir de l’Eglise doit reposer sur deux piliers de même importance (mais pas de même nature): le pilier pastoral et le pilier de droit public ecclésiastique, que ce soit aux niveaux local, diocésain et national.

Les propositions de concrétisation de ces thèses se sont traduites par une grande diversité. Il a notamment été suggéré qu’une définition claire des priorités tiendra compte de la raréfaction des moyens financiers. L’enseignement religieux aux enfants et aux jeunes, ainsi que le développement de centres spirituels, favoriseront la transmission de la foi. Une meilleure mise en valeur, dans un contexte approprié, des prestations des Eglises et de leur présence au sein de la société sera garante d’un soutien plus fort de la société.

Consultation sur l’engagement en Suisse de l’Action de Carême

La réorientation de l’engagement en Suisse de l’Action de Carême a constitué le sujet principal de l’ordre du jour de la partie statutaire. Depuis sa fondation, la Conférence centrale assure conjointement avec l’œuvre d’entraide le financement des tâches accomplies par l’Eglise à l’échelon de la Suisse et des régions linguistiques. Or, voilà des décennies que la RKZ assume une part de responsabilité croissante comparativement à son partenaire. Par conséquent, si l’Action de Carême décide de réduire plus fortement encore sa participation au financement de son «secteur suisse», il appartiendra aux membres de la Conférence centrale de fournir des fonds supplémentaires afin d’éviter un affaiblissement trop sensible de l’action de l’Eglise au niveau national et des régions linguistiques. Dans cette perspective, la présidence a soumis au débat une proposition selon laquelle la RKZ devrait augmenter sa participation au crédit du cofinancement de 3% par an jusqu’en 2018. Même ainsi, des mesures d’économie resteront indispensables, estime la RKZ.

Un vote consultatif a révélé que cette proposition pourrait être maintenue. La prochaine étape consistera en une consultation des exécutifs des organisations ecclésiastiques cantonales. Toutefois, ont fait remarquer des délégués, l’évolution financière au sein des cantons est difficile à prévoir, ne serait-ce qu’en raison des initiatives en cours à propos des impôts ecclésiastiques. Il a été souligné également que le travail de persuasion indispensable à mener auprès des paroisses et des législatifs des organisations ecclésiastiques cantonales n’aura de chances de succès que si la Conférence des évêques suisses et les diocèses soutiennent cette cause. En effet, obtenir des fonds supplémentaires issus des impôts ecclésiastiques pour se révélera difficile si certains représentants de la hiérarchie ecclésiale continuent à remettre en question le bien-fondé de ces impôts et des structures de droit public ecclésiastique, fait remarquer la RKZ.

«Nous créons de la valeur pour l’Eglise dans le monde d’aujourd’hui»

En allouant des fonds à la Conférence centrale – que cette dernière distribue pour le financement de diverses tâches ecclésiales accomplies à l’échelon supra cantonal et supra diocésain – les organisations ecclésiastiques cantonales contribuent pour beaucoup à la résolution de tâches communes de l’Eglise, rappelle la RKZ. Ajoutant: «Cette plus-value est mal connue au sein des paroisses et des législatifs des organisations ecclésiastiques cantonales: les institutions financées paraissent lointaines, et nombre de leurs activités ont quelque chose d’abstrait. Si l’on veut inciter à verser des contributions plus importantes, il y a lieu de créer une proximité, de s’adresser aux sentiments, de démontrer des avantages et de s’exprimer de manière parlante». Pour atteindre un tel objectif, la Conférence centrale va confier un mandat de projet en vue d’un concept de communication adapté au monde d’aujourd’hui et ayant l’aval de ses membres. Un groupe de travail formé à la fois de délégués à la Conférence centrale, d’experts ainsi que de chargés de l’information des organisations ecclésiastiques cantonales et des diocèses a été formé à cet effet.

Départ de Bernard Jordan après plus de 30 ans

L’assemblée plénière s’est déroulée dans le plus jeune des cantons suisses. L’Eglise catholique dans le canton du Jura était représentée par la vice-présidente du Conseil de la Collectivité ecclésiastique cantonale, Floriane Chavanne, le vicaire épiscopal Jean-Jacques Theurillat et le chanoine Jean-Marie Nusbaume, avec lesquels des échanges intéressants ont eu lieu au cours du repas du soir.

L’assemblée a pris congé de l’administrateur de l’Eglise cantonale neuchâteloise, Bernard Jordan, qui a pris sa retraite après plus de trente ans d’exercice de cette fonction et de présence au sein de la Conférence centrale. (apic/com/dk/bb)

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