Sous le signe de la renonciation de Benoît XVI et de l’élection de François
Delémont, 22 mars 2013 (Apic) Le Service de formation des adultes du Jura pastoral (SFA) a invité le Père Albert Longchamp à donner trois conférences mensuelles à Delémont sur Vatican II. Si, fin janvier, l’ancien rédacteur en chef de l’Echo magazine a pleinement évoqué cette «révolution» qui a transformé le visage de l’Eglise, le 28 février et le 20 mars, ses exposés ont évidemment porté sur la renonciation de Benoît XVI, puis sur l’installation du pape François… jésuite comme lui. Chacune des trois soirées au Centre Saint-François a fait salle comble.
«C’est un peu le choc et question date, il fallait le faire». Le visage illuminé par une joie non dissimulée, le Père Albert Longchamp fait allusion à l’accession – sept jours plus tôt – du cardinal Jorge Mario Bergoglio au trône pontifical. Hasard du calendrier, un mois auparavant, le directeur de la revue «Choisir» était déjà à Delémont pour la deuxième de ses trois conférences autour du concile Vatican II, le soir où Benoît XVI abandonnait définitivement sa tiare papale.
«Avant de parler du pape François, je tiens à rendre hommage à Benoît XVI. Tout ce qui se passe aujourd’hui, c’est finalement grâce à lui. Un pape qui démissionne, c’est du jamais vu. Un cardinal jésuite, qui plus est, d’Amérique du Sud, c’est du jamais vu.» Albert Longchamp espère que ces événements vont faire «exploser» les choses et créer un nouvel environnement. «Dans une interview posthume, le cardinal italien Carlo Maria Martini (décédé fin août 2012, ndlr) décrivait une Eglise fatiguée, en décalage avec son temps et appelée à la conversion. Il utilisait l’image de la braise qui se cache sous la cendre, une métaphore souvent reprise, copiée même. Depuis le 13 mars, depuis ce fameux ‘bonsoir’ adressé aux milliers de fidèles massés sur la place Saint-Pierre, on se prend à croire que l’ancien archevêque de Buenos Aires saura libérer ces braises enfouies sous la cendre afin de raviver la flamme de l’amour. Avec un simple mot et une bénédiction réciproque, le pape François est devenu instantanément populaire.»
Aux oreilles du Père Longchamp, le pape François manie un langage du cœur… de l’Evangile: «Il veut une Eglise en mouvement … cheminer, édifier, confesser sous la croix. Sachant qu’ici confesser signifie témoigner, c’est une véritable invitation au débat. L’avenir de l’Eglise, c’est débattre en Eglise de son avenir.»
Pendant plus d’une heure, le conférencier va confier son sentiment, parfois avec une certaine émotion: «Ce qui a été amorcé par Vatican II est aujourd’hui plus utile que jamais. Nous entrons dans une période dans laquelle l’Eglise doit revoir sa manière de gouverner. Le pape François va probablement s’efforcer de modifier le centre de gravité de l’Eglise.»
Au dernier jour de février, à l’heure où Benoît XVI laissait le siège pontifical vacant, Albert Longchamp évoquait l’humilité avec laquelle le pape allemand avait annoncé sa renonciation: «Je pense que Joseph Ratzinger a beaucoup pensé aux dernières semaines de Jean Paul II. Il n’a pas voulu se retrouver dans l’incapacité de poursuivre sa mission. Son départ est une entrée dans la modernité par la porte de la fragilité.»
Deux semaines avant l’élection du pape François, le Père Longchamp se refusait à faire des pronostics: «Ce qui est certain, c’est que l’Eglise n’a plus le droit de décevoir les croyants. L’élu sera un pape d’ouverture en phase avec l’Homme d’aujourd’hui.»
Le «religieux-journaliste» constate que «la foi n’est plus naturelle»: «En 50 ans, le monde a changé. Vatican III n’est pas à l’ordre du jour… d’autant que la semence de Vatican II ne demande qu’à fleurir davantage.» (apic/sic/pt/bb)
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