Rome: Les neuf derniers conclaves ont vu l’élection du pape en moins de quatre jours

Peu de fumée noire, lors du siècle dernier

Rome, 13 mars 2013 (Apic) Entre une journée et quatre jours : c’est le temps qu’il a fallu aux cardinaux, depuis le début du XXe siècle, pour élire les neuf derniers papes, à partir du moment où ils sont entrés dans la Chapelle Sixtine pour le premier tour de scrutin.

Le 1er août 1903, 62 cardinaux votent pour la première fois pour élire le successeur de Léon XIII. Quatre jours et sept scrutins sont nécessaires pour le dernier conclave au cours duquel une puissance politique utilise son «droit d’exclusive» (privilège réservé à l’Autriche, à la France et à l’Espagne). Ce veto de l’empereur d’Autriche concerne l’un des favoris de l’élection, le cardinal Mariano Rampolla. Celui-ci n’aurait toutefois sans doute pas atteint la majorité requise des deux tiers des voix. C’est finalement le patriarche de Venise, le cardinal Giuseppe Sarto, futur saint Pie X, qui est élu le 4 août, avec 50 voix en sa faveur.

En 1914, l’élection de Giacomo Della Chiesa sous le nom de Benoît XV demande trois jours, du 1er au 3 septembre, et 10 scrutins. 57 cardinaux y participent. Benoît XV est élu avec exactement les deux tiers des voix, soit 38. Elu dans les tous premiers jours de la Première guerre mondiale, Giacomo Della Chiesa, ancien substitut de la Secrétairerie d’Etat et archevêque de Bologne, est un cardinal diplomate, considéré comme «modéré».

Absence des évêques du nouveau monde

En 1922, le cardinal Achille Ratti est élu pape en quatre jours et 14 scrutins – un record pour le XXe siècle – du 3 au 6 février. 53 cardinaux sur 60 participent à l’élection, les cardinaux américains ne pouvant pas arriver à Rome en bateau dans les 10 jours fixés pour l’attente des retardataires. 42 votent finalement pour le futur Pie XI, ancien préfet de la Bibliothèque vaticane et archevêque de Milan.

Le conclave de 1939 est, quant à lui, sans surprise. L’élection a lieu en une journée, le 2 mars, en présence de 63 cardinaux. Dès le troisième tour de scrutin, après le conclave le plus rapide des trois derniers siècles avec celui de Jean Paul Ier, le cardinal Eugenio Pacelli est élu avec le chiffre probable de 48 voix. A la veille de la Seconde guerre mondiale, celui qui prend le nom de Pie XII est un diplomate, ancien nonce en Allemagne et secrétaire d’Etat du Saint-Siège depuis 1930.

Conclave et Concile

En 1958, le conclave qui élit Jean XXIII dure trois jours, du 26 au 28 octobre. Au 11e scrutin, le cardinal Angelo Roncalli est élu à l’âge de 77 ans, avec 36 voix sur les 51 cardinaux présents, dans l’ensemble tous assez âgés. Certains voient chez ce patriarche de Venise la possibilité d’un pontificat de transition, lui permettant notamment de compléter le collège des cardinaux, particulièrement restreint au moment de l’élection.

En 1963, le conclave se déroule pendant le Concile Vatican II. Le 20 juin, 80 cardinaux sont présents pour le premier scrutin, un nombre d’électeurs encore jamais atteint lors d’un conclave. Le nombre de cardinaux italiens est en revanche proportionnellement et exceptionnellement faible. Ils représentent en effet 35 % du collège. Le cardinal Giovanni Battista Montini, archevêque de Milan, est élu le 21 juin après deux jours de conclave et 6 scrutins, recueillant 57 ou 58 voix. Sous le nom de Paul VI, il se voit donc chargé de poursuivre les travaux du Concile.

Les cardinaux européens moins nombreux

15 ans après, le premier conclave de 1978 se déroule au milieu d’un grand intérêt de la part de l’opinion publique, du fait que le pape élu sera le premier de l’Eglise post-conciliaire. Le nombre des cardinaux présents est alors de 111, Paul VI ayant fixé à 120 le nombre maximum d’électeurs, ceux-ci devant avoir moins de 80 ans. La proportion des cardinaux européens a quant à elle beaucoup diminué. Ils sont cette fois-ci à peu près à égalité avec les cardinaux non européens. Les cardinaux se connaissent relativement bien depuis le Concile et les synodes des évêques qui ont suivi.

Alors que la chaleur de l’été romain est particulièrement pénible, tant dans la Chapelle Sixtine que dans les chambres improvisées dans les musées du Vatican et dans le palais apostolique, le premier scrutin a lieu le 26 août. Partagés d’abord entre le cardinal Giuseppe Siri, archevêque de Gênes, et le cardinal Albino Luciani, patriarche de Venise, les cardinaux se décident finalement en une journée pour ce dernier, qui prend le nom de Jean Paul Ier, avec près d’une centaine de voix, obtenues au quatrième scrutin.

La nécessité d’un pape jeune

Sa mort au bout de 33 jours (jamais un pontificat n’a été aussi court depuis celui de Pie III, décédé au bout de 26 jours en 1503) est suivie d’une grande perplexité quant au choix du nouveau pape. Les cardinaux ont l’impression d’avoir commis une erreur en choisissant un homme dont les forces physiques n’étaient manifestement pas suffisantes pour le gouvernement de l’Eglise.

Ils sont donc plutôt favorables, cette fois, à l’élection d’un pape jeune. Au début du conclave, le 15 octobre, deux cardinaux italiens obtiennent l’essentiel des voix, l’archevêque de Gênes, le cardinal Siri, et celui de Florence, le cardinal Benelli. Mais aucun des deux n’atteint la majorité des deux tiers. La possibilité de l’élection d’un pape étranger commence alors à se profiler, soutenue notamment par le cardinal autrichien Franz König, archevêque de Vienne. Celui-ci pense déjà à l’archevêque de Cracovie, âgé de 58 ans, pour lequel les suffrages augmentent de scrutin en scrutin. Jean Paul II est finalement élu après deux jours de votes , le 16 octobre, et compte selon les versions, un total de 91, 97, ou 99 voix (sur 111, selon L’Osservatore Romano, du 18 octobre 1978) au huitième tour de scrutin.

Huit ans de règne

Après la mort du pape de tous les records, au terme de plusieurs mois de maladie, c’est cette fois-ci le favori qui est choisi par les 115 électeurs, bien qu’âgé de 78 ans. Proche collaborateur de Jean Paul II, le cardinal allemand Joseph Ratzinger est élu en 24 heures le 19 avril 2005 après quatre tours de scrutin, bien que plusieurs noms de candidats non européens circulent. Le doyen du sacré collège, qui se retrouve face à l’Argentin Jorge Maria Bergoglio avec une légère avance dès le troisième scrutin, aurait demandé un vote de confirmation. Benoît XVI est un connaisseur des dossiers délicats de la curie, bien conscient de la lourde tâche qui l’attend et qui confiera quelques jours plus tard avoir perçu sa nomination comme «une guillotine». L’une des plus grandes surprises de ce pontificat arrivera près de huit ans plus tard, lorsqu’il annoncera son intention de renoncer à sa charge. (apic/imedia/rz)

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