Justice et Paix dénonce les lois sur le blasphème
Lahore, 11 mars 2013 (Apic) «Le gouvernement et la police sont responsables de la violence à l’encontre des chrétiens», a affirmé le 11 mars 2013 la Commission Justice et Paix des évêques catholiques pakistanais. L’organisation dénonce en particulier le manque de protection juridique contre les accusations de blasphème. La déclaration intervient après l’attaque menée le 9 mars dernier par des émeutiers musulmans contre un quartier chrétien de Lahore, au nord-est du pays, après des allégations de blasphème.
La Commission catholique exhorte le gouvernement du Punjab, la région où se sont produites les émeutes, à «adopter des mesures à long terme afin de contrôler les abus de la loi sur le blasphème», rapporte l’agence d’information missionnaire vaticane «Fides».
Le 9 mars, des émeutiers ont détruit 178 maisons dans le quartier de la Colonie St-Joseph, à Lahore. Les habitants ont été forcés de fuir. Une accusation de blasphème portée par un musulman contre un résident du quartier chrétien, Sawan Masih, a été à l’origine des violences.
Le Père Emmanuel Yousaf, directeur de la Commission, et Peter Jacob, directeur exécutif, indiquent que «la police et l’administration sont les principaux responsables de la situation qui a permis une tragédie au cœur de la ville». Le gouvernement provincial serait responsable d’avoir «ignoré la situation des minorités et l’intolérance religieuse croissante fomentée par des groupes extrémistes». En outre, «il n’a pas prêté attention aux recommandations formulées par l’enquête judiciaire conduite après les faits de Gojra en 2009, lorsque six chrétiens furent brûlés vifs et 140 maisons incendiées». Si les gouvernements provinciaux et fédéraux «avaient introduit des garanties juridiques et des réformes administratives, la tragédie de samedi aurait pu être évitée». Justice et Paix demande une enquête impartiale et crédible, la punition des coupables et un dédommagement équitable pour les quelque 200 familles concernées.
La Commission note en outre «l’enregistrement d’un faux cas de blasphème au détriment du chrétien Sawan Masih». Elle exige par conséquent que la plainte pour blasphème déposée contre l’innocent soit immédiatement révoquée et que le jeune soit remis en liberté. Les abus de recours à la loi sur le blasphème sont répandus au Punjab, représentant près de 80% des cas signalés dans la province. Le communiqué invite le gouvernement du Punjab «à relever le défi d’une réforme juridique et administrative afin d’éviter les abus dans les cas de blasphème». (apic/fides/rz)
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