Beyoncé plutôt que le mollah Omar
Kaboul, 9 mars 2013 (Apic) On y parle chiffons, mode et potins de star. Onze ans après la fin du régime fondamentaliste des talibans, l’Afghanistan a sa première web-télévision, rapporte le 9 mars le quotidien libanais «L’Orient Le Jour». «Globox.tv» est décidée à montrer au monde la face urbaine moderne et pacifique du pays, à rebours de ses clichés guerriers.
«Globox.tv» est la petite dernière d’un paysage audiovisuel afghan en pleine révolution depuis dix ans. Sa programmation est particulièrement osée, dans un pays où le fondamentalisme religieux est encore vivace. «Dix années de présence internationale ont changé les codes d’une minorité éduquée de jeunes Kaboulis», indique le journal libanais. Les jeunes du pays sont désormais davantage portés sur Justin Bieber ou Beyoncé que sur le mollah Omar, chef suprême des talibans qui continuent de combattre le gouvernement de Kaboul et ses alliés occidentaux à travers le pays.
Reportages dans les lieux branchés de la capitale afghane, défilés de mode, musique rap, la nouvelle web-tv se démarque des télévisions afghanes traditionnelles. Seules limites, «on ne parle pas de religion, de sexe ou de politique» et «on respecte la Constitution», explique Aref Ahmadi, 29 ans, le directeur d’Awaz, la société privée qui a créé, finance et produit la web-télé. «Mais hormis cela, on ne s’interdit rien».
Un tiers des quinze employés de «Globox.tv» travaille depuis Dubaï, aux Emirats arabes unis, où vit une importante diaspora afghane. Trouver l’équilibre éditorial aujourd’hui en Afghanistan reste périlleux, remarque «L’Orient Le Jour». Depuis la fin du régime de fer des talibans (1996-2001), qui pendaient les téléviseurs aux lampadaires, la liberté d’expression a fait d’énormes progrès. Mais l’OTAN prévoit de retirer la grande majorité de ses troupes après 2014, et les cercles musulmans les plus conservateurs poussent les autorités à revenir à plus de fermeté. En septembre dernier, ils ont ainsi demandé des poursuites contre deux chaînes accusées d’immoralité pour avoir diffusé des clips musicaux étrangers montrant des femmes courtement vêtues. «Globox.tv» n’a jusqu’ici pas été inquiétée. «Aujourd’hui, la nouvelle génération veut une vie paisible et belle, comme en Europe ou aux Etats-Unis», affirme Shamssulhaq Rahimi, un manager de la web-chaîne.
La fréquentation reste le point noir de la web-télé, faute d’accès Internet pour la majorité des Afghans ou de connexion assez rapide pour regarder ou télécharger les programmes quotidiens. «Globox.tv» ne revendique aujourd’hui que 200 clics par jour. (apic/lorient/rz)
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