Restauration complète de la synagogue Slat El Fassiyine
Fès, 20 février 2013 (Apic) La synagogue Slat El Fassiyine, dans le «mellah» (ancien quartier juif) de Fès, au Maroc, vient d’être inaugurée sous le patronage du roi Mohammed VI, après des travaux de restauration qui ont duré deux ans. Datant du XVIIe siècle, c’est la plus vieille synagogue de la ville. Fès fut un centre spirituel majeur du judaïsme marocain du Moyen Age au milieu du siècle passé. Jusque dans les années 1950, plusieurs centaines de milliers de juifs vivaient au Maroc. Ils ne sont plus que quelques milliers aujourd’hui.
La nouvelle Constitution marocaine, adoptée en 2011 dans le contexte du «Printemps arabe», consacre la «particularité hébraïque» du Maroc. La composante juive est «l’un des affluents séculaires» de son identité nationale, a estimé à cette occasion Mohammed VI. Le roi du Maroc a appelé «à la restauration de tous les temples juifs» du royaume.
La restauration complète de la synagogue Slat El Fassiyine est «le témoignage éloquent de la richesse et de la diversité des composantes spirituelles du royaume du Maroc et de son patrimoine authentique», a déclaré lors de la cérémonie le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, un islamiste, lisant un message du roi Mohammed VI.
Au Maroc, les juifs habitaient au «mellah», quartier juif entouré de murs qui le séparaient de la population arabe. Transformée en prison au XVIIIe siècle, puis réhabilitée comme lieu de prière au XXe siècle, Slat al-Fassiyine est redevenue, depuis lors, l’un des lieux incontournables de la communauté juive de Fès. Après l’exode des juifs marocains dans les années 1960 et 1970, la synagogue a été transformée en atelier de fabrication de tapis puis en salle de boxe, sans perdre son aspect original.
Depuis le milieu des années 1990, la Fondation du patrimoine culturel judéo-marocain a réussi à mobiliser plusieurs partenaires et donateurs, dont l’Allemagne, pour lancer ses travaux de restauration.
L’article 3 de la Constitution marocaine spécifie que «l’islam est la religion de l’Etat, qui garantit à tous le libre exercice des cultes». La Constitution précise dans son préambule que l’unité du Royaume du Maroc est «forgée par la convergence de ses composantes arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie», et «s’est nourrie et enrichie de ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen».
Pour concrétiser ces principes constitutionnels et montrer l’importance de la cohabitation entre ses communautés juive et musulmane, le Royaume chérifien a le projet de réhabiliter les anciennes écoles juives du Maroc.
Encadré
Les juifs sont présents au Maroc depuis l’Antiquité. De nombreux juifs se trouvent au sein des tribus Berbères lors de la conquête arabe qui débute dans le pays au VIIe siècle. La communauté juive du Maroc, qui sera renforcée par la vague de réfugiés séfarades fuyant les persécutions dans la Péninsule ibérique, lors de la «Reconquista» aux XIVe et XVe siècles, est forte de plusieurs centaines de milliers d’individus jusqu’au XXe siècle. Elle ne compte plus aujourd’hui que quelques milliers de membres (entre 3’000 et 7’000 membres, selon les sources), s’étant fortement réduite depuis la fondation de l’Etat d’Israël, notamment après l’indépendance du Maroc (1956) et la guerre des Six-Jours (1967).
Sur le plan du «statut personnel», les juifs au Maroc sont régis par la loi juive: pour tout ce qui touche au mariage, à l’héritage et au droit des mineurs, ils sont justiciables devant les chambres rabbiniques près des tribunaux réguliers. L’essentiel de la communauté juive marocaine se concentre à Meknès, Casablanca et Rabat. (apic/com/be)
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