Le président Jakaya Kikwete dénonce les violences interreligieuses
Dar-es-Salam, 16 février 2013 (Apic) Mathayo Kachili, un pasteur évangélique de l’Eglise des Assemblées de Dieu de Tanzanie (TAG) a été décapité lors de violences interreligieuses qui ont secoué en début de semaine la ville de Buseresere, dans la région de Geita, au nord-ouest de la Tanzanie. Une autre personne a été tuée et de nombreuses autres blessées au cours des incidents.
Selon le quotidien «Tanzania Daily News», citant des sources policières, le pasteur a été tué par un groupe de jeunes, soupçonnés d’être des musulmans. Les troubles ont eu lieu après l’appel de leaders musulmans, demandant la fermeture «immédiate» d’une boucherie appartenant à des chrétiens. Ils soupçonnaient le propriétaire de la boucherie de vendre de la viande impropre à la consommation des musulmans (non «halal»), et de la viande de porc.
Le président Jakaya Kikwete est monté une nouvelle fois au créneau, pour dénoncer ses violences, tout en insistant sur la nécessité d’une tolérance entre toutes les confessions religieuse dans ce pays qui est un des plus pacifiques de toute l’Afrique.
Plusieurs jeunes, armés de machettes et de bâtons ont attaqué la boucherie, saccageant tout sur leur passage. Le pasteur qui se trouvait par hasard sur les lieux, a été attaqué et tué à coups de machettes. De nombreuses boutiques et motocycles appartenant à des chrétiens ont été incendiés par les jeunes musulmans. Selon la police, c’est le premier incident du genre dans cette province du lac où musulmans et chrétiens ont commencé à s’affronter régulièrement.
Le président Kikwete s’est déclaré «attristé» par ces conflits interreligieux. Il a estimé que les chefs religieux devraient prévenir les tensions avant qu’elles n’éclatent. «Nous avons vécu en paix pendant les 50 dernières années, depuis l’indépendance, nous devons maintenir le même esprit», a-t-il plaidé. Et d’ajouter que «les guerres de religion n’ont jamais de vainqueurs».
Auparavant, son ministre de l’Intérieur, Emmanuel Nchimbi, qui s’est rendu sur les lieux des troubles, a exprimé la détermination du gouvernement à enquêter pour retrouver «toutes les personnes impliquées dans le financement des conflits religieux dans la région, et les traduire en justice». Il a lancé un appel à la paix, tout en exhortant les populations de confessions religieuses différentes, à être tolérantes les uns envers les autres.
Depuis octobre dernier, la Tanzanie connaît de fréquents heurts interreligieux, notamment des attaques de musulmans extrémistes contre des chrétiens. Début janvier 2013, l’hebdomadaire catholique anglophone «The Tablet» annonçait qu’un prêtre catholique, le Père Ambrose Mkenda, avait été blessé par balles par deux inconnus, le 25 décembre 2012, dans l’archipel de Zanzibar, au large de la Tanzanie. Les circonstances de cette agression, dans un contexte de relations interconfessionnelles tendues, n’ont pas été précisées. Quelques jours après, le 6 janvier, le président Jakaya Kikwete invitait les responsables des différentes religions du pays à relancer l’ancien cadre de dialogue et de concertation. Celui-ci permettait aux musulmans et aux chrétiens de se rencontrer et de régler leurs différends à l’amiable. Au cours des derniers mois de 2012, des tensions à caractère confessionnel ont débouché sur le saccage d’un certain nombre d’églises de confessions chrétiennes non catholiques. (apic/ibc/be)
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