Le gouvernement tente d’éviter la répétition du drame d’Ayodhya en 1992
Bhojshala, 16 février 2013 (Apic) La police et les forces spéciales indiennes sont intervenues vendredi 15 février pour contenir les émeutes interreligieuses qui ont éclaté à Bhojshala, dans le district de Dhar, dans l’Etat du Madhya Pradesh. Hindous et musulmans se disputent la possession d’un site religieux historique. Les autorités craignent la répétition du scénario de la destruction de la mosquée d’Ayodhya, dans l’Uttar Pradesh, au Nord de l’Inde.
En 1992, des extrémistes hindous avaient détruit la mosquée de «Babri Masjid», érigée par l’empereur moghol Babar en 1528. Les violences provoquées par cette agression avaient causé la mort de plus de 2000 personnes.
Les précautions prises par la police de l’Etat du Madhya Pradesh et les tentatives de dialogue entre les communautés musulmanes et hindoues qui revendiquent toutes deux le site de Bhojshala comme leur lieu de culte n’ont, semble-t-il, pas abouti, rapporte «Eglises d’Asie» (EdA), l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris (MEP). A Bhojshala, les affrontements entre musulmans et hindous n’ont cessé d’augmenter ces dernières années en dépit du partage du lieu de culte mis en place en 2003 par la Commission d’enquête archéologique (Archaeological Survey of India, ASI), service fédéral qui gère le site.
Selon les archives gouvernementales, le roi Bhoj aurait construit un premier lieu de culte en 1034 en l’honneur de Saraswati, divinité hindoue du savoir et de la connaissance. Au XVème siècle, les conquérants musulmans convertirent ce lieu de culte en mosquée (Maulana Kamal Masjid). Aujourd’hui, le site, qui a été classé monument historique en 1952 par la Commission archéologique, sert au culte hindou le mardi – ainsi que le jour de la fête de Saraswati – et est réservé à la prière des musulmans le vendredi, les autres jours étant ouverts aux touristes.
Cette année, la Vasant Panchami, fête en l’honneur de la déesse Saraswati, tombant un vendredi, les tensions, toujours latentes entre les deux communautés, ont ressurgi, exacerbées par la campagne des nationalistes hindous en vue des prochaines élections législatives.
Afin de prévenir d’éventuels troubles et d’éviter que le conflit ne dégénère en émeute, le gouvernement du Madhya Pradesh avait pourtant déployé plus de 4’000 hommes, policiers et membres des forces spéciales, autour du site controversé. Dans un souci d’apaisement, la Commission d’enquête archéologique avait finalement tranché en faveur d’un partage de la journée de vendredi entre les hindous et les musulmans, les premiers étant autorisés à célébrer la Saraswati Puja jusqu’à 12h30 précises, heure à laquelle ils devraient se retirer avant que les musulmans ne se réunissent pour la prière à partir de 13h.
Les jours précédents, les extrémistes hindous, nombreux dans cet Etat mené par le parti nationaliste Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP), avaient battu le rappel de leurs troupes afin d’empêcher les musulmans d’accéder au site. Ils prétendent «restituer une fois pour toute le temple de Saraswati» à ses fidèles hindous. Parmi ces mouvements «safran», l’Hindu Jagran Manch (»Forum pour la mobilisation des hindous») s’est montré l’un des plus virulents, réunissant des milliers de militants, encourageant les habitants du district à rejoindre la procession et à prolonger le plus possible les cérémonies en l’honneur de la déesse.
Le vendredi 15 février, les affrontements que craignaient les autorités se sont finalement produits, les forces de l’ordre ayant dû charger la foule pour la disperser et le gouvernement du district ayant été contraint d’instaurer un couvre-feu. Les premières échauffourées ont débuté peu avant l’heure où les hindous devaient se retirer pour laisser place aux musulmans. Alors que la procession de Saraswati s’éternisait et que les musulmans commençaient à s’impatienter, des milliers de militants du Vishwa Hindu Parishad (VHP) auraient alors surgi simultanément de différents lieux où ils se tenaient cachés pour former une barrière humaine devant le temple. La police a dû disperser la foule des militants hindouistes à coups de matraque et de gaz lacrymogènes. Des membres des forces de l’ordre ont été blessés et de nombreux véhicules ont été incendiés par les militants en colère. (apic/eda/be)
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