Mali: Mise en garde du Père Edmond Dembele contre le lynchage de supposés islamistes
Bamako, 11 février 2013 (Apic) Les Maliens libérés par les troupes françaises doivent se souvenir que «pas tous les citoyens touaregs et arabes du Mali sont des insurgés et des islamistes». Cette mise en garde du Père Edmond Dembele, secrétaire général de la Conférence épiscopale catholique du Mali, survient après les appels de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH). La FIDH dénonçait fin janvier 2013 des exactions, des exécutions sommaires et des enlèvements visant des présumés djihadistes.
Ces actes ont été perpétrés par des éléments de l’armée malienne dans les villes de Sévaré, Niono, Diabali, Gnimi Gnama et Mopti. La FIDH a alerté la communauté internationale, appelant les acteurs concernés à réagir pour éviter de plus amples actes de représailles et de graves tensions intercommunautaires. «Nous ne devons pas segmenter la population et confondre l’origine ethnique avec la rébellion», a déclaré le Père Edmond Dembele à l’agence de presse catholique américaine CNS.
Le secrétaire général de la Conférence épiscopale assure que les habitants des villes libérées se sentent désormais en sécurité. Mais il note que les rebelles sont encore actifs dans les montagnes du nord du Mali, en ajoutant que la population locale ne sera «définitivement rassurée» que quand les rebelles auront été finalement «éradiqués». Il dit espérer que l’armée française, qui envisage de se retirer en mars prochain, reste encore un peu, étant donné la situation sur place, qui n’est pas encore totalement stabilisée.
Dans une interview accordée par téléphone à CNS, il a salué l’»attitude respectueuse» des soldats français et maliens envers les propriétés catholiques au cours de leur campagne pour évincer les rebelles. Le Père Dembele craint par contre le risque de «lynchage» de collaborateurs du mouvement islamiste. «La plupart des Maliens, musulmans inclus, sont généralement tolérants. Ils sont amicaux envers les chrétiens et respectent les lieux de culte catholiques».
Il souligne que pour les évêques et pour la majeure partie des Maliens, le principal défi à relever est celui de la réconciliation nationale, ce qui nécessite de restaurer la confiance réciproque entre les différentes communautés qui vivaient ensemble avant la crise. La prise de pouvoir des groupes djihadistes au nord du pays a provoqué des clivages et les communautés se sont retrouvées dans des camps différents. (apic/cns/be)
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