Une initiative Minder pourtant «trop simpliste»

Suisse: Les Eglises protestantes s’opposent aux rémunérations abusives

Berne, 7 février 2013 (Apic) «Les chrétiens réformés sont opposés aux rémunérations abusives et à la création démesurée et injustifiée d’avantages financiers», selon le communiqué du 7 février 2013 de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS). La Fédération des Eglises ne se déclare pourtant satisfaite ni de l’initiative populaire Minder contre les rémunérations abusives, ni de son contre-projet.

«L’économie doit garantir aux membres les plus faibles de la société des conditions de vie convenables». C’est ce qu’affirme la FEPS dans la brochure qu’elle a publiée le 7 février, intitulée «Salaires très élevés : liberté ou provocation ? «. En dix questions-réponses, la Fédération des Eglises s’y exprime sur l’initiative fédérale dite ’Minder’ «contre les rémunérations abusives».

L’initiative Minder, qui sera soumise au vote populaire le 3 mars prochain, veut renforcer le pouvoir des actionnaires de sociétés helvétiques cotées en bourse. Les actionnaires voteraient ainsi chaque année le montant des rémunérations du conseil d’administration, du comité consultatif et de la direction d’entreprise. L’initiative interdit totalement les indemnités de départ et les ’parachutes dorés’. La discussion a été déclenchée par les très hautes rémunérations du management de pointe dans de nombreuses entreprises en Suisse.

Le texte est soutenu par le PS, les Verts et les évangéliques, mais combattu par le PLR, les Vert’libéraux, le PDC, le PBD et l’UDC. Le Parlement a rédigé un contre-projet indirect stipulant que le vote sur les rémunérations serait facultatif.

Une «provocation insupportable» pour beaucoup de citoyens

La FEPS souligne que la cohésion sociale se trouve menacée «lorsque des salaires excessifs sont considérés par une grande partie de la population comme une provocation insupportable». Dans l’économie, les salaires dépendent de la liberté de contracter. Mais «Il n’y a pas de liberté sans responsabilité», relève l’instance protestante. «La liberté sans égard se détruit elle-même». Les très hauts salaires d’aujourd’hui ne sauraient être justifiés par l’équité de la prestation, précise la FEPS. «Le principe de l’équité des besoins en souffre aussi».

La Fédération réformée réitère sa demande de limitation des rémunérations très élevées dans le management, proportionnellement au salaire le plus bas dans la même entreprise.

Aborder les conditions cadres de l’économie

L’initiative elle-même contient des préoccupations éthiques essentielles, admet la FEPS. «Mais du fait de ses nombreuses dispositions détaillées, elle ne crée pas davantage de liberté ni de justice sociale». Considérer que le problème réside uniquement dans la cupidité de l’individu est en outre «trop simpliste», affirme la Fédération des Eglises. «Il faut un juste partage des revenus, des ressources et de la richesse en général». Mais l’équité du partage ne semble être un but ni pour l’initiative ni pour le contre-projet indirect, dénonce la FEPS.

C’est sur ce point que réside, pour la FEPS, «la faiblesse de la discussion actuelle autour des rémunérations abusives». Il faudrait, selon elle, aborder les conditions cadres de l’économie. Le système financier devrait être protégé et développé comme «bien global public». L’équité internationale des impôts et des critères durables pour les dépenses publiques est également nécessaire. «Le fait que la lutte contre les rémunérations abusives détourne de ces grands défis décisifs est une menace à prendre au sérieux», conclut la brochure de la FEPS.

On peut trouver les «10 questions – 10 réponses» sur le site www.10reponses.ch (apic/com/rz)

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