L’Eglise irlandaise s’oppose fermement au projet de loi sur l’avortement médical
Cork/Dublin, 20 décembre 2012 (Apic) «L’avortement est la menace la plus grave pour les droits de l’homme», a écrit le 19 décembre 2012 Mgr John Buckley, évêque de Cork et Ross, à l’extrême sud de l’Irlande. Il réagissait à l’annonce du gouvernement irlandais, le 18 décembre, de déposer un projet de loi autorisant l’avortement dans les cas où la vie de la mère serait en danger.
L’Eglise catholique d’Irlande a aussitôt exprimé son opposition, affirmant que cela irait contre l’intention «pro-vie» clairement exprimée par le peuple irlandais et inscrite dans l’article 40.3.3 de la Constitution irlandaise (*).
Les autorités de Dublin ont pris cette décision de légiférer sur l’avortement médical après la vague d’émotion populaire provoquée par le décès, en octobre dernier, de la jeune dentiste d’origine indienne Savita Halappanavar. Alors qu’elle faisait une fausse couche, l’interruption de grossesse lui avait été refusée à l’Hôpital universitaire de Galway, l’avortement étant interdit en Irlande.
Le chef du gouvernement irlandais Enda Kenny, chef du parti Fine Gael, a promis que la législation sur l’avortement n’allait pas conduire à l’introduction de l’avortement sur demande. En 1992, la Cour suprême à Dublin avait jugé que l’interruption de grossesse devait être autorisée si la vie de la mère était en danger. Jusqu’à présent, aucune loi n’a été votée pour concrétiser ce jugement.
Mercredi 19 décembre, l’évêque de Cork et Ross a rappelé qu’en 1983, le peuple irlandais avait voté pour modifier la Constitution, afin d’assurer une protection explicite pour l’enfant à naître. «Même la Cour européenne des droits de l’homme reconnaît qu’il n’y a aucune raison de croire que le peuple irlandais aurait modifié substantiellement son approche depuis lors. Par conséquent, il n’y a pas de mandat démocratique en Irlande pour introduire l’avortement en Irlande contre la volonté du peuple», a-t-il assuré.
Mgr John Buckley estime que les gens favorables à l’interruption de grossesse rendent floue la distinction entre une intervention médicale et l’avortement, qui est la mise à mort directe et intentionnelle de l’enfant à naître. Il a relevé que l’Irlande, qui ne connaît pas l’avortement, est «leader mondial en matière de sécurité pour les femmes enceintes».
L’évêque de Cork et Ross s’est rangé derrière la position exprimée la veille par les quatre archevêques catholiques d’Irlande: le cardinal Sean Brady, archevêque d’Armagh, Mgr Diarmuid Martin, archevêque de Dublin, Mgr Dermot Clifford, archevêque de Cashel et Emly, et Mgr Michael Neary, archevêque de Tuam. Ces derniers ont écrit que la dépénalisation de l’avortement «ouvrirait la voie à des meurtres directs et intentionnels d’enfants à naître. Cela ne peut jamais être justifié moralement, quelles que soient les circonstances».
Les prélats ont appelé à prier pour que la loi proposée par le gouvernement irlandais ne soit pas adoptée par le Parlement, qui devrait la voter avant l’été. Mgr Buckley a ajouté que, selon des études, pratiquer un avortement pour des raisons de risque de suicide de la mère ouvre la porte à l’avortement sur demande. Et de citer l’Angleterre, où une grossesse sur quatre se termine par un avortement.
«Il est en effet extraordinaire de dire que la seule façon d’aider une femme enceinte déprimée ou suicidaire est de mettre fin à la vie de l’enfant à naître. Aucune recherche n’a montré que l’avortement protège contre le suicide. En fait, la grossesse pourrait avoir un effet protecteur contre le suicide», a-t-il insisté. Il est «ironique» de constater, relève l’évêque, qu’alors que le dernier référendum en Irlande, approuvé par toutes les parties, se référait aux droits de l’enfant, «il semble maintenant que l’enfant à naître puisse être privé du droit le plus fondamental de tous, le droit à la vie».
Selon diverses sources, plus de 4’000 Irlandaises se rendent chaque année au Royaume-Uni ou dans d’autres pays européens pour une interruption volontaire de grossesse.
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