Elle serait «bâtie sur des hypothèses idéologiques et mensongères»

Varsovie: La Convention sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes déplaît à l’Eglise polonaise

Varsovie, 13 décembre 2012 (Apic) Les évêques catholiques de Pologne ont vivement critiqué la décision du gouvernement du Premier ministre Donald Tusk de signer la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique.

Cette Convention «est bâtie sur des hypothèses idéologiques et mensongères qui ne peuvent être acceptées en aucune façon», a déclaré Mgr Wojciech Polak, évêque auxiliaire de Gniezno et secrétaire général de la Conférence des évêques à Varsovie.

La Convention constitue le premier instrument juridiquement contraignant en Europe, créant une structure juridique détaillée, ayant pour but de protéger les femmes contre toutes formes de violence. Pour Mgr Polak, cité par l’agence de presse catholique polonaise KAI, l’Eglise polonaise considère comme important de lutter contre la violence faite aux femmes, mais en raison de ces présupposés idéologiques, «l’Eglise est obligée de protester».

La violence contre les femmes, enracinée dans la religion et la culture ?

Mgr Polak déplore que le document du Conseil de l’Europe suggère que la violence contre les femmes est enracinée dans la «religion, la tradition et la culture». Il souligne que le gouvernement avait assuré les évêques en novembre dernier qu’il prendrait en compte leurs objections.

«L’Eglise a toujours été contre la violence et a dirigé des centres spécialisés pour soutenir les victimes de la violence, y compris des foyers pour mères célibataires», a déclaré le secrétaire de la Conférence épiscopale. «C’est un signal très inquiétant quand les principes appropriés pour lutter contre la violence sont liés à une tentative d’interférer dangereusement dans notre système d’éducation», a-t-il encore estimé.

Des crimes commis «au nom du prétendu honneur»

La Convention érige en infraction pénale les crimes commis «au nom du prétendu ’honneur’». Son article 42 précise que «les parties prennent les mesures législatives ou autres nécessaires pour s’assurer que, dans les procédures pénales diligentées à la suite de la commission de l’un des actes de violence couverts par le champ d’application de la présente Convention, la culture, la coutume, la religion, la tradition ou le prétendu ’honneur’ ne soient pas considérés comme justifiant de tels actes. Cela couvre, en particulier, les allégations selon lesquelles la victime aurait transgressé des normes ou coutumes culturelles, religieuses, sociales ou traditionnelles relatives à un comportement approprié».

La Convention affirme que la violence à l’égard des femmes est «une manifestation des rapports de force historiquement inégaux entre les femmes et les hommes ayant conduit à la domination et à la discrimination des femmes par les hommes, privant ainsi les femmes de leur pleine émancipation». (apic/cns/kai/be)

webmaster@kath.ch

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/elle-serait-batie-sur-des-hypotheses-ideologiques-et-mensongeres/