Ils accusent les leaders chrétiens de fomenter la haine contre le président Morsi
Le Caire, 10 décembre 2012 (Apic) Les extrémistes islamiques en Egypte tentent de creuser le fossé entre chrétiens et musulmans, déplore le Père Rafic Greiche, porte-parole de l’Eglise copte catholique d’Egypte. Il a précisé à l’agence de presse catholique italienne AsiaNews que jusqu’à maintenant, l’Eglise copte orthodoxe, ainsi que les autres dénominations catholiques et protestantes, n’ont pas pris position sur le référendum constitutionnel du 15 décembre prochain.
«Les fidèles sont libres de voter ’oui’ ou de voter ’non’, ou même de boycotter le scrutin», a déclaré le Père Rafic Greiche. Le porte-parole dénonce les médias islamiques qui accusent les leaders religieux chrétiens de fomenter la haine contre le président Morsi. Il a également estimé que les rumeurs concernant des attaques contre des bâtiments de communautés chrétiennes et des églises étaient sans fondement. Le prêtre déplore le fait que les extrémistes islamistes essayent de transformer les problèmes politiques qui déchirent le pays en un affrontement entre chrétiens et musulmans.
«Le risque d’attaques contre des objectifs chrétiens n’est pas nouveau. Dans les périodes tendues comme celle que nous vivons à présent, le tocsin sonne l’alerte en raison de possibles attaques», déclare-t-il, tout en estimant que ce ne sont que des rumeurs.
Ce qui inquiète avant tout le Père Greiche, ce sont les accusations et les fausses informations répandues par les médias contrôlés par les Frères Musulmans. Ces derniers imputent aux chrétiens la responsabilité des manifestations organisées devant le palais présidentiel, qui ont causé la mort de 6 personnes et fait des centaines de blessés.
Il est un fait que de nombreux chrétiens ont participé aux manifestations, admet le porte-parole de l’Eglise catholique. «Mais aucun d’entre eux n’a tenté de prendre la direction des manifestations ni n’a été encouragé par les chefs religieux chrétiens à y participer. Chacun a décidé de son propre chef de descendre dans la rue, sans contrainte». Il relève que le quartier d’Heliopolis, siège de la présidence, est entouré d’une quinzaine d’églises, et se trouve dans une zone de la capitale ou vivent ensemble de nombreux chrétiens et musulmans modérés.
«L’Egypte fait face à un grave danger. Les Frères musulmans disposent désormais de tous les pouvoirs: ils contrôlent le législatif, l’exécutif et le pouvoir judiciaire. Personne ne peut les arrêter maintenant», déclarait fin novembre le Père Rafic Greiche.
Selon le site internet du journal égyptien Al-Ahram Hebdo (http://hebdo.ahram.org.eg), les Frères musulmans se déchaînent contre les médias et les journalistes d’opposition, avec à la clé des licenciements, des pressions et des fermetures de studios. Le nouveau régime semble de fait adopter les mêmes mécanismes que du temps de Moubarak pour s’assurer une mainmise sur les médias nationaux.
Les Frères musulmans ont déjà établi une «liste noire» des journalistes, alors que Mohamad Morsi avait affirmé quelques jours auparavant que certaines chaînes avaient été lancées uniquement pour «déformer la réalité». Une autre liste noire est établie, dénonce Al-Ahram Hebdo: celle des invités s’opposant aux Frères qui sont désormais interdits d’antenne sur les écrans de la télévision publique ou à la radio. «La ligne éditoriale n’est plus dissimulée: faire la propagande du régime en place!»
L’attaque contre les médias, note Al-Ahram Hebdo, s’est notamment manifestée par la déclaration de Mohamad Badie, guide de la confrérie, qui a qualifié les journalistes de «sorciers du pharaon», en allusion aux magiciens qui cherchaient à influencer Moïse.
Pour Yasser Abdel-Aziz, expert en communication et média, cette déclaration est le point de départ d’une campagne féroce des Frères qui a débuté avec lesdites «commissions électroniques», sorte de groupes dirigés par les Frères et destinés entre autres à lancer des campagnes pour diffamer les journalistes. «Les membres de la confrérie et leurs alliés salafistes ont submergé les chaînes privées d’appels pour défendre leurs points de vue», note le journal en ligne. (apic/asian/be)
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